Clairette de Die AOC

 

Clai­rette de Die AOC

Bio­lo­gique et vin natu­rel

 

Le domaine Achard-Vincent est un des pro­mo­teur de la culture bio­lo­gique et ce depuis plus de trente ans.… c’est tout dire !

Il faut savoir com­ment on pro­duit la Clai­rette de Die. Les rai­sins, cueillis à la main, sont pres­sés, puis mis en cuve close. Point besoin de souffre dans ce cas, puisque le gaz car­bo­nique déga­gé pas la fer­men­ta­tion empêche l’oxy­gène de se répandre. De plus, les bac­té­ries indé­si­rables sont éli­mi­nées dans la mesure où elles se trouvent dans un milieu anaé­ro­bie

La pres­sion du gaz car­bo­nique s’in­ten­si­fiant au fur et à mesure des fer­men­ta­tions alcoo­liques, les levures elles-même cessent de trans­for­mer le sucre en alcool.

Il en résulte que le vin conserve une part de sucre rési­duel et comme les vignobles sont en alti­tude, à la limite de la culture de la vigne, le vin fini ne titre pas plus de 7 degrés d’al­cool.

Ensuite, après un temps de repos, le vin est mis sous verre en conser­vant le gaz car­bo­nique issu des seuls fer­men­ta­tions.

Clairette deOn obtient alors un vin tout-à-fait natu­rel, sans sul­fites, issu du mer­veilleux cépage mus­cat à petits grains, agré­men­té de quelques 20 pour cent de clai­rette, cépage qui donne de la struc­ture. Notons en pas­sant que ce n’est pas ce cépage qui a don­né le nom du vin. Il doit ce nom à l’an­cien fran­çais « cla­ret » qui signi­fiait un vin peu colo­ré.

La Clai­rette de Die s’ex­prime par un nez exu­bé­rant, inten­sé­ment­frui­té, mus­ca­té bien évi­dem­ment mais où l’on dis­tingue des arômes de poire et de cas­sis, la bouche aérienne, d’une fraî­cheur unique, sou­te­nue par des bulles légères et fines, est sans doute la plus rafraî­chis­sante de l’en­semble des vins fran­çais. Le peu de sucre rési­duel apporte du volume en jamais l’im­pres­sion de lour­deur, bien au contraire.

C’est le vin par­fait pour les apé­ri­tifs d’é­té. Grâce à cette petite mer­veille, on conserve une bouche légère, un sen­ti­ment de désal­té­ra­tion et aucune lour­deur alcoo­lique, bien au contraire.

Notre sélec­tion de Clai­rette de Die du domaine Achard-Vincent cor­res­pond à ce qui se fait de mieux dans le domaine de la culture agro-bio­lo­gique et dans le domaine des vins « natu­rels » sans adjonc­tion de souffre.

 

La bt. : 18.- CHF

 

Les Grands Vins de Chinon

Les vins de Chi­non Située au sud de la Loire, en face de Bour­gueil, au sud-ouest de bouteilles 010Tours, l’ap­pel­la­tion Chi­non s’en­ra­cine sur divers types de sous-sol, cer­tains sablon­neux et d’autres argi­leux. Ici le Caber­net Franc est roi. Ce cépage donne des vins pro­fonds, mus­clés et séveux qui se carac­té­risent dans les grandes années par leur puis­sance, leur struc­ture ana­logue aux vins de Médoc, mais avec un relief et une fraî­cheur sup­plé­men­taire. On peut affir­mer que cer­tains grands Chi­non font par­tie du « top ten »des vins de France et du monde.

Chi­non AOC «Cuvée Ter­roir»

Cette cuvée est issue des jeunes vignes des grands crus. Mal­gré cela, le vin est déjà concen­tré, puis­sant et four­ni, avec une belle robe, des tan­nins pré­sents sans agres­si­vi­té, une bouche ample et souple et domi­nées par un par­fum de cerise noire. Une bou­teille qui pour­ra se conser­ver encore cinq ans. (19.-)

Les Varennes du Grand Clos

Voi­là l’ex­pres­sion typique d’un grand cru dans une grande année. Si l’ap­pel­la­tion ne recon­naît par offi­ciel­le­ment les « grands crus » de Chi­non, on peut tout de même défi­nir les lieux-dits où croissent les meilleurs vins ( Clos du Chêne Vert, La Dio­te­rie, Les Varennes du Grand Clos.…). Splen­dide bou­quet de cerise, de griotte, de vio­lette, légè­re­ment fumé ( comme la plu­part des vins du Val-de-Loire), Puis une bouche d’une trame extra­or­di­nai­re­ment ser­rée, presque com­pacte, d’une inten­si­té rare, même dans les meilleurs Bor­deaux, une lon­gueur spec­ta­cu­laire, une finale explo­sive qui laisse une impres­sion de gran­deur aris­to­cra­tique. Les tan­nins, bien pré­sents sont cepen­dant fon­dus et ils laissent augu­rer un ave­nir qu’on peut comp­ter en décennies…(35.-)

Clos de la Dio­te­rie

Incon­tes­ta­ble­ment, le plus grands Chi­non qui déve­loppe les qua­li­tés du pré­cé­dant avec encore plus de force et d’in­ten­si­té aro­ma­tique. D’une struc­ture épous­tou­flante et d’une finesse sin­gu­lière. La Dio­te­rie est consi­dé­rée comme un des cent grands vins de France. Dans un mil­lé­sime aty­pique, comme 2003, elle repré­sente néan­moins une illus­tra­tion envoû­tante de ce que l’on peut attendre de ce ter­roir d’ex­cep­tion. (45.-)

Les Varennes du Grand Clos « Franc de pied »

Der­nier ves­tige d’un vignoble dis­pa­ru, ce vin est issu de vignes fran­çaises non-gref­fées. Il faut savoir que lorsque l’on impor­ta à la fin du XIXe siècle des plants amé­ri­cains, on intro­dui­sit acci­den­tel­le­ment le puce­ron du phyl­loxé­ra dans les vignes. Cet insecte se nour­rit de la sève qu’il récolte dans les racines de la vigne et celle-ci finit par en mou­rir. Seuls les plants amé­ri­cains y résistent. C’est pour­quoi on a gref­fé les vignes euro­péennes (vitis vini­fe­ra) sur des pieds amé­ri­cains (vitis labrus­ca, entre autres). Notons qu’on aurait pu faire du vin uni­que­ment avec des plants amé­ri­cains, mais le goût en est âpre et désa­gréable (il « renarde » ou « foxe »).Donc le gref­fage est la seule méthode connue pour conser­ver le carac­tère des vins euro­péens. Dans cer­taines condi­tions, on peut conser­ver des vignes franches de pied (sous-sol sablon­neux en par­ti­cu­lier puisque dans sa phase de repro­duc­tion le phyl­loxé­ra est sous-ter­rain et ne peut donc pas vivre dans le sable. C’est le cas d’une par­celle de Varennes du Grand Clos. Le vin qu’elle pro­duit est unique par son élé­gance, sa finesse, sa fraî­cheur et son tem­pé­ra­ment noble, voire aris­to­cra­tique. On sai­sit ici la dif­fé­rence entre les pro­duits issus de vignes gref­fées et de vignes non gref­fées. Il y a une sorte d’é­lé­gance unique et incom­pa­rable dans les der­nières qui nous fait regret­ter les vins pré-phyl­loxé­riques. Bou­teille unique et rare, elle fait par­tie des der­niers repré­sen­tants de vignes franches de pied, sachant que cette par­celle a été arra­chée en 2008, atta­quée qu’elle était par le phyl­loxé­ra « B » net­te­ment plus viru­lent. (49.-)

La dégus­ta­tion des vins de Chi­non est tou­jours une sur­prise pour l’a­ma­teur non aver­ti. La répu­ta­tion de ces vins est encore à faire et c’est tant mieux pour nous ! A mon sens ce sont des grands vins au sens strict. Des vins com­plexes, struc­tu­rés, denses mais , à l’ins­tar des grands Bor­deaux, ils res­tent tou­jours élé­gants et fins, avec une note de fraî­cheur qui leur appar­tient en propre.

Table des mil­lé­simes:

2000 : 7/10 Beaux vins souples et char­meurs, à boire pour la plu­part.

2001 : 6/10 Vins en phase de fer­me­ture, don­ne­ront des vins assez cor­sés, mais fermes.

2002: 7/10 Joli mil­lé­sime clas­sique avec quelques réus­sites spec­ta­cu­laires (Dio­te­rie)

2003: 8/10 Mil­lé­sime aty­pique, chaud et sec. Des vins concen­trés, mais par­fois assé­chés.

2004: 7/10 Belles réus­sites dans les crus, les vins de ter­rains plats ont souf­fert de la pluie

2005 : 10/10. le plus grands depuis 1947… tout y est, puis­sance, arômes, finesse, net­te­té..

2006: 9/10 Cer­taines bou­teilles seront même plus grandes que 2005… à voir.

2007: 8/10 Le mil­lé­sime oublié… des vins cor­sés, mais élé­gants avec un timbre très fruité.Une affaire, sans doute…

2008: 7/10 : Un vrai mil­lé­sime de garde qu’on retrou­ve­ra avec deux points de plus dans dix ans…bouteilles 010

 

Vinaigre balsamique

VINAIGRE BALSAMIQUE 25 ANS
ET
CREME DE VINAIGRE BALSMIQUE 25 ANS

Le vinaigre bal­sa­mique n’est pas un vinaigre de vin, mais un vinaigre de moût de rai­sin. Lors­qu’on a pres­sé le rai­sin, on entonne le moût dans des fûts de 420 lt envi­ron. Ces fûts sont ense­men­cés avec du vinaigre vivant, donc avec des bac­té­ries res­pon­sable de la trans­for­ma­tion de l’al­cool en acide acé­tique.

Les fûts sont ensuite logés dans les gale­tas, en par­ti­cu­lier dans ceux qui sont expo­sés Balsamiqueplein sud et où la tem­pé­ra­ture avoi­sine par­fois les 70° cen­ti­grade.

Il s’en­suit une forte éva­po­ra­tion qui réduit le volume du futur vinaigre. Après une année, celui-ci a per­du entre 15 et 20% de son volume et on le trans­vase dans des fûts plus petits et l’o­pé­ra­tion recom­mence ain­si chaque année. Au bout de 25 ans. Si l’é­va­po­ra­tion était constante, on obtien­drai à peine 10 lt de vinaigre bal­sa­mique. Mais comme c’est l’eau qui s’é­va­pore, en pre­mier, on finit par obte­nir entre 50 en 80 lt de ce pré­cieux nec­tar que l’on met alors en bou­teille.

Le vinaigre bal­sa­mique (son nom est l’ad­jec­tif de baume en rai­son de son appa­rence sem­blable à un liquide lent à s’é­cou­ler) est alors un extra­or­di­naire condi­ment, par­fu­mé avec des fra­grances de miel, de rai­sin séché, de poivre et de gin­gembre, mar­qué par l’a­cide acé­tique et conser­vant un impor­tant sucre rési­duel. La matière elle-même est unique, sorte de liqueur de moût, dense,noire et forte, véri­table fes­ti­val d’a­rômes et d’une sen­sa­tion gus­ta­tive proche de la mélasse.
Pro­duit unique, il a pour ori­gine tout le pour­tour du bas­sin médi­ter­ra­néen. Bien que Modène s’en soit faite la cham­pionne, l’An­da­lou­sie en pro­duit d’aus­si bons et bien meilleur mar­ché. D’ailleurs, un vinaigre bal­sa­mique de 25 ans ne se trouve pas sur la mar­ché de Modène. Il est pro­duit uni­que­ment en Anda­lou­sie à notre connais­sance.
Quant à la crème de vinaigre bal­sa­mique, c’est la quin­tes­sence de ce pro­duit. Moins acide, plus concen­tré encore (comme si c’é­tait pos­sible), c’est un vinaigre encore plus par­fu­mé, encore plus com­plexe et sans doute le meilleur jamais pro­duit en Anda­lou­sie.
Nous avons pu nous pro­cu­rer ces deux vinaigres aux bode­gas Navar­ro à Mon­tilla-Moriles, le vignoble de Cor­do­ba sans doute le plus ancien de la région, plan­té cer­tai­ne­ment avant celui de Xérès.Balsamique 2

Il faut encore savoir qu’un authen­tique vinaigre bal­sa­mique ne doit por­ter aucune men­tion sur l’é­ti­quette d’une com­po­si­tion (E234 et autres « sucre », « acide.. » etc.) ce qui est obli­ga­toire pour un vinaigre indus­triel. Donc véri­fiez tou­jours que le vinaigre que vous ache­tez soit exempt de ces men­tions.
Vinaigre bal­sa­mique authen­tique 25 ans: 3.5 dl :39.- CHF
Crème de vinaigre bal­sa­mique 25 ans: 2 dl 49.- CHF

Cahors et Marcillac

Ces deux beaux vins res­tent mécon­nus du grand public. Cahors, illus­tré par le célèbre Clos La Cou­tale, est un vin issu du seul cépage Cot, ou Mal­bec.  Vini­fié en foudres de 3000 lt, ce vin s’é­pa­nouit dans les grands mil­lé­simes au même titre que les grands Bor­deaux. On en pren­dra pour exemple les superbes 2009 et 2010. Le pre­mier s’af­firme par un nez de cerise noire, de truffe et tabac envoû­tant, sui­vi d’une bouche pleine et ronde où les tan­nins fon­dus tapissent le palais et donnent une impres­sion éton­nante de 28052013194 pro­fon­deur. Le 2010 conserve ces mêmes traits de carac­tère, mais avec un éclat sup­plé­men­taire en rai­son d’une aci­di­té plus éle­vée. 2010 est l’exemple même d’un Cahors de garde. L’un et l’autre se parent d’une superbe robe intense au reflets noirs, comme il se doit pour ce vin sur­nom­mé par les Anglais le“vin noir”. Notre sélec­tion s’est por­tée depuis plus de vingt ans sur les excep­tion­nels vins éla­bo­rés par un maître en la matière Phi­lippe Ber­nède, lequel, outre ses grande qua­li­té de vigne­ron et de maître de chais a mis au point  un tire-bou­chon révo­lu­tion­naire bap­ti­sé bien enten­du: Cou­tale.

Clos La Cou­tale AOC Cahors 2009 / 2010 : 17.- CHF la bt.

Mar­cillac, tout petit vignoble de l’A­vey­ron, pro­duit des vins sur­pre­nants d’ex­pres­sion. Ici pousse l’u­nique cépage Fer Ser­va­dou, ce qui signi­fie “qui se garde” en langue occi­tane. D’une belle robe gre­nat il déve­loppe un nez puis­sant mar­qué par le cas­sis et  la fram­boise. La bouche à la fois longue et géné­reuse se sin­gu­la­rise par sa fraî­cheur et cette sen­sa­tion très par­ti­cu­lière de “langue de chat”. Vin unique en son genre avec sa finale désal­té­rante il est par­fai­te­ment illus­tré par la cuvée “Lo Sang del Païs” qu’on doit à M. Theu­lier, vigne­ron d’ex­cep­tion à qui ont  en par­tie la résur­rec­tion de vignoble situé sur un des che­mins de St.-Jacques de Com­pos­telle, non loin de la célèbre abbaye de Conques 28052013195dont il est d’ailleurs le vignoble atti­tré à l’i­mage des autres vignobles monas­tiques, comme le Cham­ber­tin pour celle de Cîteaux ou…  le Cham­pré­veyres pour celle d’ Hau­te­rive.

“Lo Sang del Païs” AOC Mar­cillac 2011 . 15.- CHF la bt.

 

Eléphants… rosses !

L’a­ven­ture qui est arri­vé à mon ami Yves Dou­det-Nau­din ( le pro­prié­taire du célèbre “Redres­cul” à Savi­gny-lès-Beaune , ain­si nom­mé parce qu’il est pen­tu et donc il redresse le cul des ven­dan­geurs.…) mérite d’être nar­rée.

J’a­vais orga­ni­sé une grande dégus­ta­tion des vins de son domaine et l’a­vais invi­té pour pré­sen­ter ces célèbres pro­duits. Or comme il se doit, la dégus­ta­tion était sui­vie d’un gueu­le­ton qui fut, on s’en doute bien, copieu­se­ment arro­sée. Notre ami logeait ce soir-là dans un hôtel au bord du lac et dont la chambre don­nait en plein  sur la rive.

Le len­de­main matin, je reçois un coup de fil d’Yves lequel jurait ses grands dieux qu’il ces­se­rait doré­na­vant de boire: ” J’ar­rête de boire illi­co!” dit-il péremp­toi­re­ment.

-Et bien qu’est-ce qui t’ar­rive ?

-Je vois des élé­phants !

-.… ?

- Il se baignent dans le lac ! J’ar­rête de boire, j’te dis !

Le fou rire m’a pris… il faut savoir que le grand cirque “Knie”, le plus grand de Suisse, a pour tra­di­tion de faire des­cendre son trou­peau d’é­lé­phants depuis la gare sise en haut de la ville jus­qu’au lac et de les lais­ser se bai­gner dans le lac, ce qu’ils font avec force bar­ris­se­ments de joie et écla­bous­sures et ce pour le plus grand plai­sir de spec­ta­teurs. Ce jour-là, le bain était pro­gram­mé tôt le matin… Et les pachy­dermes se sont jetés à l’eau sous la fenêtre de notre ami encore endor­mi… le réveil fut  très réus­si… on s’en doute !

Château Bel-Air Marquis d’Aligre AOC Margaux

CHATEAU BEL-AIR MARQUIS D’ALIGRE
AOC MARGAUX CRU EXCEPTIONNEL

 

Un vin du XIXe siècle.

Issu d’un ter­roir d’ex­cep­tion, Bel-Air Mar­quis d’A­ligre pour­rait béné­fi­cier, à l’ins­tar de Châ­teau Grillet,d’une AOC pour lui seul .En effet, M. Boyer, qui se défi­nit lui-même comme un arti­san, vini­fie son vin comme on le fai­sait au XIXe siècle, une époque où la vini­fi­ca­tion ne connais­sait pas les extrac­tions pous­sées et l’é­le­vage sous bois neuf. Rap­pe­lons-nous que l’An­gle­terre raf­fo­lait alors du célèbre “Cla­ret” de Bor­deaux. Hors du temps et hors des modes, M. Boyer pro­duit depuis cin­quante ans et plus, contre vents et marées et pour notre plai­sir un vin aux cri­tères propres et dont il n’est pas prêt de chan­ger.

 

En s’ap­pro­chant du châ­teau, on reste médu­sé: aucun pan­neau, aucune invi­ta­tion à dégus­ter, pas de pelouse entre­te­nue au ciseau, pas de dra­peau, rien qui ne signale donc la pré­sence d’un chai à l’oe­no­phile.

 

La super­fi­cie de ce vignoble est de 13 hec­tares dont plu­sieurs par­celles de très vieilles vignes( par­fois plus que cen­te­naires) et que M. Boyer ne se résout pas à arra­cher. La den­si­té est de 10’000 pieds à l’hec­tare comme le vou­lait la tra­di­tion. Le vignoble sis sur des croupes de graves légères est scin­dé en deux par­ties, l’une sur Sous­sans, à côté du Châ­teau, l’autre conti­guë au Châ­teau Mar­gaux sur la com­mune homo­nyme. L’en­cè­pa­ge­ment est lui aus­si par­fai­te­ment tra­di­tion­nel avec 35% de Mer­lot, 30% de Caber­net-Sau­vi­gnon, 20% de Caber­net Franc et envi­ron 10% de Petit Verdot.et Mal­bec.

 Les ven­deurs de pro­duits chi­miques n’ont guère de chance de vendre à M.Boyer leurs sub­stances, car ce der­nier n’a­mende que très peu son vignoble et n’u­ti­lise que de de la fumure orga­nique.

 Et nul besoin de pro­cé­der à des ven­danges vertes, la pro­duc­tion n’ex­cé­dant pas les 25 hectos/ hec­tares, alors que pour mémoire, l’AOC Mar­gaux auto­rise un ren­de­ment de 45 hectos/hectares.

 Seules 20’000 bou­teilles sortent du chai chaque mil­lé­sime (lorsque M. Boyer juge le vin digne de l’ap­pel­la­tion !) . Pas de cuve­rie inox, pas de ther­mo­ré­gu­la­tion pilo­tée par un tableau de bord d’air­bus, rien que des simples cuves en béton dans un cuvier d’où les fûts sont pra­ti­que­ment absents.

 Pas de levu­ra­tion pour faire démar­rer les fer­men­ta­tions les­quelles se déroulent sans inter­ven­tion et se ter­minent natu­rel­le­ment au bout de cinq semaines. Après sou­ti­rage, le vin sera logé en cuve pour deux ans.

 Dans les années dif­fi­ciles comme 1997, 1992, 1993, 1994, 1997, 2002 ou encore 2004 (!) (le vin est jugé irre­ce­vable et ven­du ano­ny­me­ment au négoce.

Bien enten­du, ce vin n’est pas com­mer­cia­li­sé en pri­meur et il est dif­fu­sé essen­tiel­le­ment auprès d’une clien­tèle d’a­ma­teurs aver­tis qui se déplacent jus­qu’à Sous­sans dans l’es­poir de sou­ti­rer quelques fla­cons à M. Boyer…

Le vin se pré­sente avec une superbe robe rubis claire avec un nez de fruits rouges et noirs presque exu­bé­rant. La bouche d’un abord dis­cret, mais bien­tôt déli­ca­tesse et dou­ceur prennent leur envol. Ce vin tout en den­telles finit sur une lon­gueur éton­nante et fait ain­si hon­neur à l’ap­pel­la­tion Mar­gaux qui s’e­nor­gueillit d’é­la­bo­rer les vins les plus fins de Bor­deaux… et de France, sans doute.

Mal­gré ses tan­nins fins, Bel-Air Mar­quis d’A­ligre est taillé pour la garde.

 Enfin et ceci marque encore le côté excep­tion­nel des vins de M. Boyer: ils peuvent se boire jeunes ou vieux car, contrai­re­ment à ses voi­sins, ils ne se referment pas après la mise sous verre. Les heu­reux élus qui ont pu dégus­ter de vieux mil­lé­simes comme 1978 voire l’i­nou­bliable 1966 témoignent de l’ex­tra­or­di­naire poten­tiel de ce vin qui conserve mal­gré l’âge ron­deur, sou­plesse et fruit.

 

Le Château Godard-Bellevue AOC Côtes de Francs

Le Châ­teau Godard-Bel­le­vue, AOC Côtes de Francs

 Ela­bo­ré de main de maître par Joseph Arbo (un cata­lan en terres bor­de­laises) appuyé par sa char­mante épouse Ber­na­dette, le Châ­teau Godard-Bel­le­vue, illustre par­fai­te­ment le poten­tiel de cette minus­cule appel­la­tion que sont les Côtes de Francs, la plus petite appel­la­tion d’o­ri­gine bor­de­laise avec les Graves de Vayres . Prin­ci­pa­le­ment issu de Mer­lot, ce vin pro­fond, intense et de cou­leur sombre se pré­sente avec des arômes de fruits rouges, légè­re­ment confits, d’une belle com­plexi­té. La bouche, somp­tueuse évoque les grands Pome­rol par sont inten­si­té, son gras et sa struc­ture dense. Le vin se ter­mine en apo­gée avec une finale longue et savou­reuse. Ce vin mérite bien plu­sieurs années de garde dans les grands mil­lé­simes.

2005 est sim­ple­ment magni­fique de den­si­té et il illustre par­fai­te­ment ce qu’on peut attendre d’un tel vin: nez sédui­sant, puis­sance et per­son­na­li­té mar­quées, avec une élé­gance en bouche proche des grands St.-Emilion dont il est éloi­gné de quelques enca­blures…

2006 pro­pose un vin de soif, exu­bé­rant d’a­rômes et très dis­tin­guée. S’il est plus léger que son pré­dé­ces­seur, il s’ap­puie cepen­dant sur une belle matière souple et il accom­pa­gne­ra très bien une viande rouge grillée. A mon sens, le 2006 (médaille d’or à Bor­deaux) per­met­tra d’at­tendre le 2005.

2008 est l’exemple d’une grande réus­site dans un mil­lé­sime que les médias ont trop sur­es­ti­mé. A côté de cer­tains vins maigres et acides qu’on peut trou­ver dans cette année dif­fi­cile, Godard-Bel­le­vue tire lar­ge­ment son épingle du jeu. Concen­tré, il s’ouvre sur un nez encore fer­mé de fruits et fleurs, sui­vi d’un ample bouche où l’on retrouve le gras du Mer­lot sou­te­nu par de beaux tan­nins et il s’en­vole en fin de bouche. C’est un vin de garde, sans dis­cus­sion.

2009 est à l’i­mage de l’en­semble des vins de ce mil­lé­sime très réus­si à Bor­deaux ( comme dans l’en­semble de la France). Mûr et plein, riche de saveurs, inten­sé­ment par­fu­mé, long en bouche avec des tan­nins très soyeux, c’est un pro­duit qui enchante le dégus­ta­teur par son agré­ment assez immé­diat. A l’heure actuelle ( 2012) il semble bon à boire, mais il se referme et sans doute est-il par­ti pour vieillir plu­sieurs années sans pro­blème.

2010 est le grand, le tout grand mil­lé­sime. Il cumule toutes les qua­li­tés citées plus haut. Incroya­ble­ment concen­tré, explo­sif, miné­rale et d’un den­si­té excep­tion­nelle, c’est la grande bou­teille à mettre impé­ra­ti­ve­ment en cave et à oublier. Atten­tion, la quan­ti­té est réduite pour cette année, ce qui explique la concen­tra­tion atteinte par ce vin d’ex­cep­tion.

Notons encore qu’on décou­vri­ra avec bon­heur ( et à tout petit prix) l’ex­cellent Châ­teau Puyan­ché, tou­jours du même pro­prié­taire et qui per­met d’at­tendre son grand frère tout en se fai­sant vrai­ment plai­sir. Le 2009 est par­fait et on se régale du 2007 aujourd’­hui à matu­ri­té. Quant au 2010, patience encore !

Très joli liquo­reux aus­si qui se marie avec un des­sert aux fruits, voire bien enten­du avec une foie gras.

A’ ce pro­pos, j’en­cou­rage vive­ment les ama­teurs à ser­vir le foie gras frais, juste poël­lé sur un lite de pommes ( ou autres) en des­sert et ce avec nu liquo­reux tel que le Puyan­ché. C’est le meilleur moment et c’est ain­si que le pré­co­ni­sait Cur­nons­ky qui fut sans doute un des plus grands gas­tro­nomes.

Les millésimes

01 Esper­luettes défi­ni­tif

 

Par­ler des mil­lé­simes, c’est prendre de gros risques sachant qu’ils sont variables d’une région à l’autre, voire même dans une région tel que le bor­de­lais ou le Val de Loire… Et qui plus est, les vins blancs sont dif­fé­rents des rouges et les liquo­reux sont encore à part… Je pense à ce mau­dit 1968, enva­hi par la pour­ri­ture et qui a don­né des blancs à boire dans l’an­née et des rouges sou­vent détes­tables à cause des faux goûts dus à la pour­ri­ture… A l’é­poque on ne maî­tri­sait pas encore ce phé­no­mène. Or les Sau­ternes, ven­dan­gés un mois plus tard ont béné­fi­cié d’un été indien qui a sau­vé la récolte. J’ai eu le plai­sir de boire quelques bou­teilles de ce divin breu­vage, ( à des prix que je n’ose évo­quer sans pas­ser pour un men­teur, moins de 40.- euros à l’é­poque, ce qui en vaut une cen­taine aujourd’­hui…) .Une révé­la­tion pour un jeune homme qui débu­tait dans ce com­merce, il me semble encore en per­ce­voir les arômes et la tex­ture quand je me remé­more ces moments uniques.

Donc décrire des mil­lé­simes, sauf lors­qu’ils sont excep­tion­nels, comme 2009 ou 2005, donc réus­si par­tout est une entre­prise sujette à bien des cri­tiques. Mais on peut peut-être les évo­quer par des sou­ve­nirs.

 1972

 Mon pre­mier mil­lé­sime: Une année froide… il a nei­gé tous les mois de l’an­née à La Chaux-de-Fonds, la ville la plus haute d’Eu­rope (1000m). La bise n’a ces­sé de souf­fler mais en revanche, il n’a pas plu depuis le 15 août jus­qu’à fin sep­tembre. Les rai­sins conser­vaient une aci­di­té forte, mais comme l’ac­ti­vi­té chlo­ro­phyl­lienne avait pu se dérou­ler presque nor­ma­le­ment, les pinots noirs de Bour­gogne avait atteint une matu­ri­té ines­pé­rée, de telle sorte que l’on a obte­nue pour les meilleurs d’entre eux des vins de longue garde dont cer­tains témoignent encore aujourd’­hui. A titre d’exemple, un Musi­gny de Daniel Moine, ouvert en 2009 qui a embal­lé les heu­reux buveurs par son éton­nante fraî­cheur, sa com­plexi­té aro­ma­tique et sa tenue en bouche longue et suave.

En revanche les vins de Bor­deaux n’ont guère béné­fi­cié du même cli­mat et ils s’a­vèrent rêches, sévère et sans gras, rouges comme blancs. Les liquo­reux sont presque inexis­tants.… Les autres régions ont ter­ri­ble­ment souf­fert et il n’existe sans pas plus que quelques bou­teilles pour les col­lec­tion­neurs.

 1973.

 Grosse pro­duc­tion un peu par­tout et sur­tout des vins lavés par lez pluie au moment des ven­danges. Des vins qui devraient être bus depuis bien long­temps ! A l’ex­cep­tion des Alsace blancs qui ont fait une belle année et quelques beaux Bour­gognes blancs, on ne retien­dra pas grand-chose de ce mil­lé­sime ingrat. Il y quelques belles bou­teilles dans le Jura, mais cela n’é­tonne per­sonne, tant ce vignoble joue une par­ti­tion en solo, très sou­vent loin du dia­pa­son col­lec­tif… à preuve cer­tains vins jaunes pro­ve­nant de mil­lé­simes aus­si peu cotés que 1967, 1979 ou encore plus récem­ment 1987…

Et ici, même les vins secs (Char­don­nay) semblent avoir vain­cu le signe indiens lors­qu’on ouvre un Côtes du Jura de Bour­dy, superbe vin, un rien aus­tère, mais si plain de vie et de relief qu’on s’y perd avec délec­ta­tion. Notons que ce cette année qui vit le châ­teau Mou­ton-Rot­schild, clas­sé deuxième cru en 1855, être pro­mu par un ministre qua­si démis­sion­naire pre­mier cru, après vint ans de pres­sion de la part des pro­prié­taires de ce célèbre cru…

1974

 Un des pires mil­lé­simes à mon goût… tout avait assez bien démar­ré, un prin­temps enso­leillé, un été nor­mal et voi­lé que des pluie d’au­tomne sont venu tout gâcher… Cer­tains ima­ginent que ce fut mal­gré tout un bon mil­lé­sime, mais après y avoir tâté plu­sieurs, je lui trouve un goût d’an­née, comme on dit en bour­gogne, à savoir un goût peu enga­geant de léger pour­ri, de léger réduit de pous­sière, en tout peu enga­geant et cela même avec les plus grands… inex­pli­cable, ce phé­no­mène s’est repro­duit curieu­se­ment dix ans plus tard en 1984 et de même manière, mais moins accen­tué en 1994, voire même en 2004.… Curieuse fré­quence tout de même ! Quant aux vins du bor­de­lais, ils sont étran­ge­ment dans la même veine… des vins à oublier de toute urgence !

 1975.

 Hosan­na ! La presse una­nime de chan­ter sur le ton de la vic­toire l’a­vè­ne­ment de ce mil­lé­sime consi­dé­ré immé­dia­te­ment comme le mil­lé­sime du siècle et ce en com­pa­gnie d’une bonne dizaine d’autres «  mil­lé­simes du siècle ».… Je parle ici de Bor­deaux, car il en va tout autre­ment de la Bour­gogne et de la Val­lée du Rhône où les pluies chaudes firent un véri­table ravage… Et bien je me gar­de­rai bien d’un tel enthou­siasme… Lors­qu’on ouvre aujourd’­hui une bou­teille de bor­deaux 1975, c’est la décep­tion totale: le vin se révèle dans la majo­ri­té des cas, sévère, rude, mal équi­li­bré, sou­vent vieilli avec des teintes bru­nâtres et des goûts de réduits pous­sié­reux… pas de fruits, mais des struc­tures agres­sives. Des tan­nins poin­tus… Zut… encore un mil­lé­sime à oublier, sauf pour quelques rares Graves et les Sau­ternes qui ont béné­fi­cié de l’au­tomne très sec et qui ont don­né des vins pas­se­rillés, donc sans pour­ri­ture noble ou presque, des vins aty­piques sans doute, mais qui se sont bien tenus… on ouvri­ra quelques fla­cons de liquo­reux pour le plai­sir de goû­ter à une expres­sion inha­bi­tuelle de ces vins… rai­sins de Corinthe, fruits secs et thé…

Quant à la Bour­gogne et les autres vignobles, il n’y a pas eu de vins dont on puisse par­ler avec bon­heur… des pluies chaudes ont favo­ri­sé une inva­sion anti­cryp­to­ga­mique qui a eu rai­son des meilleurs d’entre eux… Disons tout de même que cer­tains Alsace on tiré leur épingle du jeu, mais où en trou­ver encore et ont-ils résis­té au temps ?

 1976

 Année de grande séche­resse, elle a engen­dré, plus par­ti­cu­liè­re­ment en Bour­gogne des grands vins aty­piques, peut-être, mais cer­tai­ne­ment de belle garde. Les rouges sur­tout, suite à la séche­resses, leurs baies se sont concen­trées et par consé­quent les tan­nins aus­si. Il s’en­suit que les vins avaient une forte struc­ture, même si cer­tains man­quaient d’a­ci­di­té. D’où des vins pro­fonds, colo­rés, puis­sants, mais par­fois lourds. Les meilleurs d’entre eux (Côte de Nuits sur­tout) pro­posent des par­fums de fruits confits, des bouches tapis­sées et une grande lon­gueur finale. On peut leur repro­cher d’être peu désal­té­rant sans doute, mais ce sont des vins ( s’il en reste…) par­faits pour l’au­tomne et donc la chasse.

Les blancs par contre ont eu une vie éphé­mère en rai­son du manque d’a­ci­di­té et s’a­vé­raient mous et trop riche.

Les Bor­deaux ont connu un peu le même sort, mais le Caber­net-Sau­vi­gnon sup­porte moins bien la cha­leur que le Pinot noir, donc les tan­nins se sont révé­lés plus des­sé­chant . Au vieillis­se­ment, on tombe sur des bou­teilles pas tou­jours convain­cantes, n’ayant pas digé­ré le sur­plus tan­niques. En revanche, j’a­voue avoir trou­vé quelques sym­pa­thiques Mer­lot ( Pome­rol et St.-Emilion) qui se sont bus dix ans après et qui offraient une belle ron­deur. Quant aux liquo­reux, ce fut une belle année, sans botry­tis et donc des vins pas­se­rillés, avec des timbres de fruits confits et de fruits secs… Les meilleurs d’entre, plus par­ti­cu­liè­re­ment dans le Val de Loire feront encore une forte impres­sion actuel­le­ment car leur concen­tra­tion les a main­te­nus dans une belle forme. Grands Alsace aus­si, mais avec des ten­dances à la lour­deur et à l’é­pais­seur, sauf quelques rares ries­lings.

 1977

 Fichue année… de la pluis, du froid, des rai­sins qui man­quen­tr cruel­le­ment de matu­ri­té sur­tout à Bor­deaux. Des vins à évi­ter donc ! La Bour­gogne s’en sort mieux, le mois de sptembre a été clé­ment et cer­tains vins sont assez réus­si, mais de courte garde… Les seuls bons sou­ve­nisr sont un Chambolle.Musigny « Les Amou­reuses » et sur­tout un « Clos de La Roche » extra­or­di­nai­re­ment par­fu­mé, séveux et souple qui avait tenu 10 ans… la der­nière bou­teille dégus­tée une ving­taine d’an­nées plus tard était pas­sée, hélas, deve­nu sque­let­tique, le vins n’a­vait plus qu’à finir sa car­rière dans une sauce… laquelle fut par­faite, on s’en doute !

Quant aux blancs, eux aus­si, dovraient eetre bus depuis belle lurette et oublions les liquo­reux !

 1978

 Enfin un fabu­leux mil­lé­sime pour l’en­semble de la France à l’ex­cep­tion peut-être de la Cham­pagne. Un été maus­sade, mais une arrière sai­son excep­tion­nelle qui a per­mis une matu­ra­tion par­faite des baies et de sur­croît une quan­ti­té assez faible qui a encore concen­tré les matières. La Bour­gogne a engen­dré des rouges struc­tu­rés, aux tan­nins com­plexes et mûrs, avec des arômes riches et variés, des vins qui expriment leur « cli­mat «  avec force et,cerise sur le gâteau de très longue garde. Les blancs furent aus­si remar­quables, mais avec une garde plus cou­ter, semble-t-il.

Men­tion pour la Val­lée du Rhône qui nous a livré un mil­lé­sime his­to­rique aus­si bien dans le nord (Côte-Rôtie, Cor­nas, Her­mi­tage) avec des Syrah mûres et concen­trées, ici aus­si de très longue garde ( j’ai ouvert une bou­teille de Jas­min, Côte-Rôtie en 2011 qui était encore vibrante de jeu­nesse…) que dans le sud avec des Châ­teau­neuf de légende les­quels se goûtent aujourd’­hui encore et pour une décen­nie de plus pour les meilleurs d’entre eux (Vieux-Télé­graphe par exemple).

A Bor­deaux, c’est le meilleur mil­lé­sime à mon sens depuis 1970. A l’i­mage des Bour­gognes, ils ont béné­fi­cié d’un magni­fique été indien qui cares­sé les rai­sins pour en expri­mé le meilleur. Ici aus­si la concen­tra­tion ( natu­relle, j’in­siste) est par­faite, les vins sont puis­sants, pro­fonds, équi­li­brés et par­fu­més avec un poten­tiel de garde éton­nant. Les Graves sont en tête (Domaine de Che­va­lier tout par­ti­cu­liè­re­ment à mon goût) et les grands Médoc les talonnent.

Petite décep­tion avec les Sau­ternes qui ont man­qué de botry­tis et ont don­né des vins gras mais mono­cordes.

Magni­fique vins dans le Val de Loire où les blancs issus de Che­nin n’ont pas fini de nous éton­ner pour autant qu’on en trouve encore. Quant aux rouges c’est là aus­si le meilleur mil­lé­sime depuis des lustres.

L’Al­sace est au dia­pa­son des autres régions viti­coles avec des vins par­fai­te­ment abou­tis aus­si bien en Ries­ling qu’en Gewürz­tra­mi­ner.

 1979

 Bon mil­lé­sime dans l’en­semble,. Évi­dem­ment après 1978, la com­pa­rai­son le fait un peu souf­frir. En Bour­gogne, on découvre des vins souples, avec une belle struc­ture et sou­vent com­plet. Ils sont sans doute moins pro­fonds que les 1878, mais tiennent bien en cave. Ils sont main­te­nant à matu­ri­té pour les grands crûs, les autres devraient déjà être bus. Les blancs ont dépas­sé l’âge de matu­ri­té,. Splen­dides vins dans la val­lée du Rhône où les vignobles sep­ten­trio­naux ont réus­si leur coup avec des nez intenses et com­plexes, des bouches soyeuses avec des tan­nins doux et une grande lon­gueur en finale,

Bor­deaux réserve d’heu­reuses sur­prises sin­gu­liè­re­ment en Médoc. A mon sens dans les pre­miers et seconds crûs le temps est venu de les consom­mer, alors que les autres sont sur la pente des­cen­dante. Lors­qu’ils sont mûrs, ils réservent d’heu­reuses sur­prises avec des vins en ron­deur, par­fu­més et équi­li­brés. Quant aux liquo­reux, ils sont très heu­reu­se­ment réus­sis avec du gras, de la richesse et une bonne tenue.

Belle année aus­si dans le val de Loire, en Alsace avec des remar­quables Ries­lings et enfin de jolis Cham­pagnes à consom­mer d’ur­gence.

 1980

Oppo­si­tion entre Bor­deaux et Bour­gogne: les pre­miers ont souf­fert de pluie pen­dant les ven­danges de sorte que les vins sont sou­vent minces et dilués avec une aci­di­té par­fois mor­dante. Les seconds ont eu la chance d’une belle arrière-sai­son, évi­tant la pluie, il en résulte des vins assez cor­sé, mar­qué par une belle aci­di­té qui leur confère une solide colonne ver­té­brale. Ces Bour­gognes-là, encore une fois pour les mieux réus­sis, ont une belle tenue en cave et sont main­te­nant prêtes à boire. L’Al­sace a pro­duit des petits vins, de même que la Cham­pagne et le Val de Loire. En revanche, la grande étoile va à la Val­lée du Rhône qui nous a réser­vé un mil­lé­sime superbe avec des vins racés et purs, tout par­ti­cu­liè­re­ment à Châ­teau­neuf-du-Pape. Pour avoir ouvert une bou­teille de .. Côtes du Ven­toux en 2010, je suis res­té par­fai­te­ment coi devant un vin frais, har­mo­nieux et qui, bien que sur le déclin, lais­sait une bouche agréable et frui­tée…

Magni­fique vins doux dans le Bor­de­lais, des vins qui n’ont pas atteint une très grande cote qui furent une excel­lente affaire pour la ama­teurs avertis…Et ces vins sont encore là à preuve un superbe Sigalas.Rabaud qui n’a pas pris une ride et dont la dégus­ta­tion fur une révé­la­tion par sa richesse, sa soli­di­té et son impo­sante pré­sence en bouche.

 1981

 Mil­lé­sime hété­ro­gène où le meilleur côtoie le pire… Côté meilleur quelques beau rouge à Bor­deaux où les ven­danges s’an­non­çaient magni­fiques lorsque des pluies dilu­viennes se sont abat­tues sur le vignoble. Mal­gré tout, cer­tains vins ont tiré leur épingle du jeu, dans les Graves et quelques Médocs bien choi­sis ( par­mi les grands crus). Les blancs sont médiocres et de toutes façons dépas­sés. Les liquo­reux, assez jolis au début se sont révé­lés rapi­de­ment vieillis. Côté meilleur, quelques grands bour­gognes à sélec­tion­ner dans les 1er et les grands crus et qui ont tenu jus­qu’à aujourd’­hui, mais il ne faut pas croire au miracle, ils gardent tou­jours une ver­deur et une aus­té­ri­té mar­quées.

Côté pire : Cham­pagne et Alsace, mais on se conso­le­ra en pen­sant qu’il n’y en a plus dans les caves… et encore moins de vins de la Val­lée du Rhône nord, secs et étri­qués.

En revanche de beaux Châ­teau­neuf et de remar­quables vins dans la Loire. Notons encore que les fortes gelées d’a­vril ont réduit consi­dé­ra­ble­ment la récolte.

 1982

 La grande réus­site à Bor­deaux ! Des ren­de­ments plé­tho­riques auraient du rendre cette ven­dange diluée, mais les condi­tions cli­ma­tiques excel­lentes ont per­mis aux rai­sins de mûrir par­fai­te­ment. Il s’en­suit des vins concen­trés, aro­ma­tiques, puis­sants, cor­sés mais élé­gants, raf­fi­nés et pour tout dire ter­ri­ble­ment séduc­teurs. Des bou­teilles qui sont encore actuel­le­ment recher­chées et atteignent sou­vent des prix stra­to­sphé­riques… Les Sau­ternes et consorts se sont mon­trés grands, voire très grands et res­tent pré­sents.

La Bour­gogne nous pro­pose des vins aqueux en rai­son d’une ven­dange trop abon­dante et c’est là qu’on observe que le Pinot Noir ne sup­porte pas une grosse pro­duc­tion, il devient pâle, mai­gri­chon et atone… Quelques rares fla­cons dans les grands crus, mais sou­hai­tons que les pro­prié­taires de ces res­ca­pés les aient bus !

Très beaux vins dans le val de Loire et de jolis vins en Côtes du Rhône à Tain et Cor­nas. Châ­teau­neuf déce­vants à cause de la dilu­tion et Alsace à mettre au même dia­pa­son.

Superbes cham­pagnes riches et gour­mands.

 1983

 C’est l’an­née des Côtes-Rôties, Her­mi­tages, St.-Joseph, Cor­nas … Eton­na­ment concen­trés, ces vins ont une den­si­té fabu­leuse qui enva­hi le dégus­ta­teur et le laisse pan­tois devant tant de richesse et d’é­qui­libre. Des mer­veilles qui peuvent encore vieille… On en dira pas autant des Châ­teau­neufs qui sont jolis, mais bien en-deça de leur voi­sins nor­diques. La Bour­gogne a livré des vins puis­sants, colo­rés et un peu sévère. Il fal­lait les attendre et évi­ter les vins mar­qués par la pour­ri­ture qui a sévi durant l’é­té. On remar­que­ra cepen­dant quelques grands vins chez les vigne­rons atten­tifs et qui ont trié la ven­danges. Ces vins-là réservent main­te­nant d’a­gréables sur­prises.

Le Val de Loire se carac­té­rise par ses gran­dioses liquo­reux, pro­fonds, séveux et bien botry­ti­sés. J’ai encore deux ou trois bou­teilles de Bon­ne­zeaux « La Cha­pelle » de Boi­vin qui témoignent de l’ex­cep­tion­nelle lon­gé­vi­té de ces Coteaux du Layon.

De beaux Alsace lar­ge­ment dotés mais d’une aci­di­té un peu basse. Grands Cham­pagnes mais que ne sont peut-être pas aus­si com­plets que les 1982.

Enfin saluons les liquo­reux bor­de­lais pour leur réus­site: gras, moel­leux et d’une belle consti­tu­tion, ils devraient encore satis­faire des palais pen­dant quelques années…

 1984

 Très clai­re­ment, c’est un mil­lé­sime à oublier. Le bor­de­lais fut dévas­té par le cyclone Hor­tense, la Bour­gogne l’Al­sace comme la Cham­pagne et le Val de Loire par les pluies d’au­tomne et un manque cruel d’en­so­leille­ment, la Val­lée du Rhône n’offre guère plus d’in­té­rêt dans le nord comme dans le sud. Quelques rares Cor­nas ont sur­vé­cu au nau­frage et quelques (plus rares encore) Médocs issus de Caber­net-Sau­vi­gnon cepen­dant durs et angu­leux… Enfin seuls les liquo­reux ont mani­fes­té un cer­tain charme… pour autant qu’ils aient été bus jeunes !

 1985

 Retour aux grands mil­limes dont celui-ci est un bel exemple: Bour­gogne, Bor­deaux, Loire, Alsace, Val­lée du Rhône, bref ce fut par­tout la réus­site. Remar­quons que la Cham­pagne a pro­duit elle aus­si des très grands vins, mal­heu­reu­se­ment la récolte fut détruite à près de 50% par de ter­ribles gelées en avril.

Les Bour­gognes rouges sont à leur apo­gée, sub­tils, colo­rés, souples et savou­reux avec un jolie poten­tiel de garde, quoi­qu’a­vec les temps ( excep­tés les grands crûs) les vins ont ten­dance à se fati­guer. Les blancs ont un carac­tère ana­logue.

Les Bor­deaux sont aus­si dans les som­mets avec des vins superbes à la robe pro­fonde, aux tan­nins savou­reux, aux arômes intenses et avec une sen­sa­tion de confort en bouche tout-à-fait sédui­sante. Ici aus­si, je me pose la ques­tion de la durée en cave, car quelques bou­teilles par­mi les crûs répu­tés pré­sentent quelques signes de fai­blesse avec le temps. A mon sens pour la plu­part le temps est venu de les consom­mer, ce sera une plai­sir sans tâche.

La Loire pro­pose une gamme éton­nante et des vins de Chi­non ( Citons les mer­veilleux Joguet) sont géné­reux et aris­to­cra­tiques, De ce fameux domaine, citons plus par­ti­cu­liè­re­ment le Clos de la Dio­te­rie qui n’au­ra d’é­gal que le 1989…

Magni­fiques vins liquo­reux aus­si bien à Bor­deaux que dans le Val de Loire et en Alsace laquelle a connu une année de réfé­rence.

Enfin grande réus­site dans les vins sep­ten­trio­naux du Rhône qui se pré­sentent avec éclat et den­si­té. Sans doute plus grands que leurs confrères du sud les­quels pour­tant sont de grands vins… c’est dire !

1986

 Un mil­lé­sime d’an­tho­lo­gie à Bor­deaux où les vins rouges ont pro­fi­té d’une ven­danges par­faites aus­si bien en matu­ri­té qu’en quan­ti­té. D’une incroyable pro­fon­deur avec des tan­nins en nombre mais d’une grande sou­plesse, des robes superbes, une sub­stance riche, com­plexe, un poten­tiel de garde rare­ment atteint, bref ce sont des vins immenses qui ont mis du temps pour accé­der à l’a­po­théose et qui aujourd’­hui peuvent riva­li­ser avec les 1982. Les blancs secs de ce vignoble sont eux aus­si éton­nants, mais la palme revient sans doute aux liquo­reux, d’une race, d’un puis­sance et d’une concen­tra­tion qui en font des bou­teilles mémo­rables dont on ne voit pas la fin de leur évo­lu­tion.

La Bour­gogne en revanche n’a pas pro­duit de très grands vins. Beau­coup de dilu­tion et par consé­quent des rouges légers, de peu de garde et qui devraient être depuis long­temps bus. Je veux bien croire que cer­tains grands crus de la Côte de Nuits sont réus­sis, mais pour ma part je n’en ai goû­té aucun. Quant aux blancs ils sont superbes, concen­trés et denses…malheureusement ils sont évi­dem­ment introu­vables aujourd’­hui.

L’Al­sace est majo­ri­tai­re­ment quel­conque, avec quelques belles excep­tions, tout aus­si 9ntrouvables que les pré­cé­dents„,

Un Val de Loire peu inté­res­sant, même dans les liquo­reux… mais cer­tains vigne­rons très scru­pu­leux ont réus­si des rouges de bonne tenue, mais je ne pense pas qu’ils soient encore debout.

Très beaux Cham­pagnes riches et com­plexes et enfin oublions les Côtes du Rhône nord que les pluies ont dévas­té. Beaux Châ­teau­neuf-du-Pape cor­sé et sédui­sants.

 1987

 Un mil­lé­sime moyen sauf en Alsace. La Bour­gogne a pro­duit de jolis rouges qui manquent cepen­dant un peu de concen­tra­tion. Il sont par­fu­més, déli­cats et sédui­sants, mais cepen­dant de garde moyenne. Les blancs sont meilleurs et tiennent encore bien en cave.

Bor­deaux a subi des pluies impor­tantes, du coup les rouges sont légers, fins et et élé­gants dans les châ­teaux qui ont bien trié les ven­danges. J’ai sou­ve­nir d’un remar­quable Pavie séveux, souple et équi­li­bré qui aurait pu encore vieillir quelques années lors­qu’on l’a ouvert en 2004… Les Liquo­reux sont un peu minces et n’ont sans doute pas béné­fi­cié d’un long séjour en cave.

Très beaux Alsace secs, concen­trés, géné­reux et de bonne garde. Pas de ven­danges tar­dives, rui­nés par les pluies.

Dans le Val de Loire, les rouges sont bons sans plus, quant aux liquo­reux, je garde un sou­ve­nir ému d’un Bon­ne­zeaux du Châ­teau de Fesles spectaculaire,crémeux et envoû­tant… ce devait être une excep­tion, Jean Boi­vin avait ven­dan­gé au mois de ..décembre !

En val­lée du Rhône on découvre de beaux vins en Côte-Rôtie et Her­mi­tage avec des tan­nins doux et une jolie richesse, tan­dis que les Châ­teau­neuf ont été sym­pa­thiques mais sans grand poten­tiel. Bus dans les trois-quatre ans, ils ont été bien reçus.

 1988

 Pre­mier mil­lé­sime d’une fameuse tri­lo­gie (1988–1989-1990). c’est le moins connus des trois. Aus­si bien en Bour­gogne qu’en Alsace, en Cham­pagne comme à Bor­deaux en Val­lée du Rhône qu’en Val de Loire, les vins sont splen­dides avec cepen­dant des natures dif­fé­rentes.

La Bour­gogne nous offre des rouges tan­niques, colo­rés et un peu aus­tère, mais d’une très longue garde. Les grands crûs éton­ne­ront encore dans cinq ou dix ans. Bus trop jeunes, cer­tains vins ont déçus par leur carac­tère fer­mé. Cepen­dant la patience aura eu rai­son d’eux car depuis quelques temps ils s’ouvrent pour notre plus grand plai­sir tout en conser­vant de la fraî­cheur. Les blancs suivent un peu le même che­min que leur com­pa­gnons rouges. Ici aus­si, il aura fal­lu attendre.

L’Al­sace a pro­duit une excel­lente année avec des réus­site que égalent bien celles de 1989 avec de somp­tueux bou­quets sur une matière puis­sante et équi­li­brée.

Bor­deaux par­tage avec la Val­lée du Rhône la palme. Les pre­miers, magni­fiques, concen­trés, pro­fonds et assis sur une belle aci­di­té et des tan­nins géné­reux ont un poten­tiel de garde rare­ment atteint. Quant aux liquo­reux, ils fêtent un mil­lé­sime qui ren­tre­ra dans les annales par son exu­bé­rance, sa force et son assise inébran­lable.

Les seconds fêtent un mil­lé­sime légen­daire avec des vins aus­si bien struc­tu­rés que riches et incroya­ble­ment bâtis pour la, garde…Fabuleux Côte-Rôtie, énormes Corans, épous­tou­flant Her­mi­tage et Châ­teau­neuf éblouis­sant de matière dense.

Enfin, la Val­lée de la Loire sort de son engour­dis­se­ment cli­ma­tique avec une année très pro­met­teuse dont cer­tains grands vins comme la Dio­te­rie de Joguet n’ont pas encore dit leur der­nier mot. Magni­fiques blancs secs aus­si et beaux liquo­reux un peu sur la réserve.

 1989

 Mil­lé­sime hors-norme, très pré­coce et mar­qué par un été tor­ride a été une réus­site géné­rale que ce soit à l’est, au nord, à l’ouest ou au sud. Excep­tion­nels Alsace, denses, riches à sou­hait, m,ais, seul bémol, trop peu acides ce qui les rend un peu mas­sifs. Ven­danges tar­dives et sélec­tions de grains nobles sim­ple­ment fabu­leux.

La Bour­gogne, à mon sens, est un peu en retrait avec ce mil­lé­sime qui manque d’a­ci­di­té et donc on a à faire à des vins certes puis­sants, certes colo­rés et certes fon­dants, mais qui manquent de struc­ture et donc aus­si de garde. Mais ne bou­dons par notre plai­sir, ils furent très agréables et cer­taines bou­teilles de grands crus de la Côte de Nuits peuvent pré­tendre encore à figu­rer en bonne place sur votre table.

Les blancs sont comme en Alsace cor­sés, puis­sants, concen­trés et éblouis­sants. Eux aus­si manquent cepen­dant d’a­ci­di­té.

Immenses liquo­reux dans le Val de Loire (enfin !) et superbes rouges dotés d’un magni­fique poten­tiel de garde (pour ceux qui ont encore quelques bou­teilles de Charles Joguet peuvent en témoi­gner).

Bor­deaux nous emballe avec ses rouges pro­fonds, aux tan­nins mûrs et riches, aux par­fums envoû­tants et de même que les Chi­nons, ils sont construits pour vieillir. De plus la réus­site est géné­rale aus­si bien sur la rive droite que la rive gauche, avec une très légère pré­fé­rence de mon côté pour les Médocs. Superbes blancs et incroyables liquo­reux qui ont rare­ment atteint une telle richesse.

Pour clore, saluons les vins de la Val­lée du Rhône tout aus­si puis­sants que leurs col­lègues de Bor­deaux, tout aus­si pleins, tout aus­si sédui­sants et dont les plus beaux de que ce soit du nord ou à Châ­teau­neuf sont dignes de leurs aînés de 1988, quoique plus lourds peut-être.

 1990

 Encore un fabu­leux mil­lé­sime et encore une fois très homo­gène. C’est une année très enso­leillée et chaude, com­pa­rable à 1949. Aus­si bien en Alsace qu’en Bour­gogne, en Cham­pagne qu’à Bor­deaux, en Val de Loire qu’en Val­lée du Rhône, on a pro­cé­dé à des ven­danges his­to­riques tant en qua­li­té qu’en quan­ti­té.

L’Al­sace nous réserve des ries­lings admi­rables, sur­tout en ven­danges tar­dives, des gewürz­tra­mi­ner d’an­tho­lo­gie, tous de bonne garde

La Bour­gogne a pro­duit des pinots noirs de haute tenue par leur concen­tra­tion, leur puis­sance et leur s tan­nins riches et soyeux. Ils sont bâtis pour durer vingt ans, tout comme cer­tains blancs, à Cha­blis plus par­ti­cu­liè­re­ment. Pour avoir ouvert un Cor­ton-Maré­chaudes en 2008, j’ai remar­qué une pro­fon­deur inac­cou­tu­mée avec une com­plexi­té éton­nante, donc un vin vi9vant qui mani­fes­tait encore une rete­nue qui doit bien augu­rer de l’a­ve­nir.

Bor­deaux est à l’a­po­gée avec des vins fabu­leux de richesse et de sou­plesse, même s’ils sont d’ex­cel­lente garde. L’é­té tor­ride aurait pu entraî­ner des stress hydriques, mais quelques pluies bien­fai­santes ont appor­ter l’é­qui­libre. D’où des vins sains, cor­sés, longs en bouche et velou­tés. J’ai, pour ma part une fai­blesse pour les St.-Emilion de cette année.

Superbes blancs secs, four­nis et géné­reux et incroyables liquo­reux, d’une excep­tion­nelle matu­ri­té, d’une vigueur phé­no­mé­nale qui entre­ront dans le XXI siècle bien loin„,

La Val­lée du Rhône n’est pas en reste avec des vins concen­trés aus­si bien dans le sud qu’au nord. Rete­nons que les pre­miers vins (Her­mi­tage, Côte-Rôtie et Cor­nas) sont aus­si puis­sants que mûrs, et que les seconds ( St.-Joseph, Crozes-Her­mi­tage et Bré­zème) sont mon­tés en grade et tutoient leurs aînés par leur matière dense et géné­reuse.

Magni­fiques Châ­teau­neufs, denses, pleines, char­nus et typés avec une per­sis­tance aro­ma­tique incom­pa­rable.

Enfin, Cham­pagne et Val de Loire sont au som­met et sin­gu­liè­re­ment les Saven­nières d’une richesse rare­ment atteinte, et encore plus les liquo­reux (Quarts de Chaume et Bon­ne­zeaux) tout sim­ple­ment fabu­leux.

 1991

 Hor­mis les Côtes du Rhône sep­ten­trio­nales et dans une moindre mesure la Bour­gogne, c’est un mil­lé­sime dif­fi­cile mar­qué par de fortes gelées qui ont cau­sé des dégâts impor­tants à Bor­deaux et sur­tout dans le Val de Loire ( une récolte d’un tiers). De plus des pluies de sep­tembre ont contri­bué à diluer les vins, tout par­ti­cu­liè­re­ment à Bor­deaux. Dans cette région, les vins se révèlent au mieux cor­rects, au pire déchar­nés. Cer­tains châ­teaux ont trié la récolte avec soin et obte­nu des vins assez élé­gants, sur­tout en Médoc. Mais ils ne sont cer­tai­ne­ment pas de grande garde et devraient cer­tai­ne­ment être bus. Les blancs ne valent guère mieux , quant aux liquo­reux, fai­blards, ils sont déce­vants.

La Bour­gogne s’en tire mieux avec des rouges assez struc­tu­rés, un peu aus­tères avec des tan­nins moins mûrs que les mil­lé­simes pré­cé­dents. Ils sont donc d’as­sez bonne garde, mais je ne pense pas qu’ils trou­ve­ront un véri­table équi­libre et res­te­ront cer­tai­ne­ment tou­jours sur leur réserve, les tan­nins n’é­vo­luant guère ce qu’ont démon­tré des dégus­ta­tions après quinze ans de bou­teille…

Les blancs sont de la même veine avec une aci­di­té mar­quée et eux aus­si évo­luent peu, voire mal.

Oublions les Châ­teau­neufs, déplo­rables, secs et creux, en un mot pres­qu’in­bu­vables.

Le Val de Loire a mal vécu cette année en rai­son des gelées qui ont donc détruit les deux tiers du vignoble et ont consi­dé­ra­ble­ment retar­dé la matu­ri­té des rai­sins. Il s’en­suit des vins maigres et acides dont le seul avan­tage est de tenir de ce fait…

La Cham­pagne ne convainc pas plus: ici aus­si les pluies d’au­tomne ont dilué les vins et on découvre des vins fluets et sans grande per­son­na­li­té.

En Alsace, si les blancs secs sont moyens et de courte bouche, les ven­danges tar­dives ont bien tiré leur épingle du jeu avec de jolies, voire grands vins.

 Grande excep­tion, les vins de la par­tie nord de la Val­lée du Rhône, t5ous superbes et concen­trés avec des Her­mi­tages et des Cor­nas au som­met: cou­leur, den­si­té, équi­libre et matière puis­sante sont au ren­dez-vous pour des vins qui se gar­de­ront encore plu­sieurs années, en Her­mi­tage et Cor­nas sur­tout.

 1992

 Mil­lé­sime dif­fi­cile et hété­ro­gène qui a débu­té par un prin­temps pré­coce et a été mar­qué par des pluies abon­dantes en sep­tembre. Cer­tains vignobles telle l’Al­sace ont cepen­dant bien réussi,Ici donc des vins frui­tés, riches et avec une belle per­sis­tance aro­ma­tique.

La Bour­gogne a ven­dan­gé très tôt et a donc été épar­gnée par les pluies. Cepen­dant le volume est très grand et donc on cer­tains vins manquent de concen­tra­tion. Les meilleurs sont droits avec des tan­nins assez fon­dus et se dégustent fort bine main­te­nant. Les blancs sont séveux, char­mants et équi­li­brés. Eux aus­si méritent d’être bus actuel­le­ment.

La Val­lée du Rhône a subi des pluies tor­ren­tielles dans le sud 10 jours avant les ven­danges. De deux choses l’une: ou bien l’on ven­dan­geait rapi­de­ment des rai­sins pas encore mûrs, ou bien l’on ven­dan­geait des rai­sins pour­ris 10 jours plus tard… donc la qua­li­té des Châ­teau­neufs est au mieux déce­vant… Cer­tains domaines n’ont pas sor­ti de pre­mier vins à l’i­mage du Vieux-Télé­graphe dont toute la récolte a été déclas­sée en deuxième vin: le « Télé­gramme ». Le nord a aus­si essuyé des pluies, certes moins abon­dantes, mais qui ont tout de même alté­ré la ven­danges: des vins fluets sans grande réserve et des blancs au même niveau.

Les cham­pagnes sont d’un niveau moyen tan­dis que le Val de Loire s’en sor­tait mieux avec de jolis vins rouges char­meurs et souples et des liquo­reux assez réus­sis dans l’An­jou plus par­ti­cu­liè­re­ment.

Quant à Bor­deaux, lui aus­si inon­dé, il a pro­duit des vins légers, minces et pour les plus faibles creux. Quelques rares bons vers Pome­rol et en revanche des blancs secs verts et des liquo­reux de faible qua­li­té, Bref à Bor­deaux c’est un mil­lé­sime à oublier.

 1993

 Encore une fois les pluies se sont invi­tées au mau­vais moment et les récoltes de la Val­lée du Rhône sep­ten­trio­nale, de Bor­deaux et de la Loire ont payé un lourd tri­bu. On trouve peu de grands vins à Bor­deaux et lors­qu’on en trouve, ils sont dans le Libour­nais et peuvent par­fois réser­ver d’ex­cel­lentes sur­prises. Le Médoc a été plus tou­ché et a donc pro­duit des vins moins riches et sou­vent tan­niques. Peu de liquo­reux, bien enten­du et sou­vent mai­gri­chons. Quelques rares blancs mais de peu de garde.

La Bour­gogne en revanche a sor­ti d’ex­cel­lents rouges, concen­trés et struc­tu­rés, avec un joli poten­tiel aro­ma­tique, des robes pro­fondes, et des tan­nins solides qui en font des vins de longue garde. Après vingt ans on déguste des vins plei­ne­ment accom­plis et qui ont conser­vé une cer­taine jeu­nesse. Les blancs, moins mûrs n’ont pas le même carac­tère, Ils sont sou­vent légers et mar­qués par une cer­taine aci­di­té. A boire d’ur­gence !

L’Al­sace nous offre des vins sédui­sants et fins, peut-être moins riches que leurs aînés (1992) mais bien agréables cepen­dant. Sans doute devraient-ils être bus aujourd’­hui…

En Val de Loire, mal­gré les pluies, on trouve de jolis blancs et des liquo­reux assez réus­sis. Les rouges manquent cepen­dant de pro­fon­deur et sont arri­vés lar­ge­ment à leur matu­ri­té. La val­lée du Rhône a beau­coup souf­fert d’une météo peu clé­mente qui a engen­dré mil­diou et oïdium en quan­ti­té et de sur­croît les pluies d’au­tomne ont ache­vé de gâcher cette récolte: Côte-Rôtie et autres Cor­nas sont sou­vent creux, secs et acides…Heureusement en des­cen­dant on découvre d’ex­cel­lents Châ­teau­neufs riches, savou­reux et de bonne garde.

Enfin, les Cham­pagnes sont légers et peu com­plexes, là aus­si les pluies jouèrent un rôle impor­tant.

 1994

 Voi­là une année contras­tée avec des vins superbes et d’autres moyens. Pour l’Al­sace, ceux qui ont été ven­dan­gés tard sont par­faits, tan­dis que ceux qui l’ont été trop hâti­ve­ment s’a­vèrent assez secs et creux.

La Bour­gogne, par­tie pour une belle ven­dange a mal­heu­reu­se­ment pas su maî­tri­ser les ren­de­ments et cer­tains vins sont dilués. Néan­moins on trouve encore de belles bou­teilles char­nues, éla­bo­rées par des vigne­rons conscien­cieux . Beau blancs, ven­dan­gés avant les pluies de sep­tembre.

Des condi­tions cli­ma­tiques exé­crables ont rui­nés les espoirs du Val de Loire. Les rouges s’a­vèrent fluets et légers, les blancs souples et tendres, par contre cer­tains liquo­reux qui ont été cueillis tar­di­ve­ment sont splen­dides.

Des pluies aus­si pour la Val­lée du Rhône qui ont dilué un peu les vins, mais ils res­tent de bonne tenue, assez ronds et frui­tés, sans agres­si­vi­té et avec de jolies robes. Les meilleurs sont issus des ter­roirs d’Her­mi­tage et de Châ­teau­neuf, ces der­niers frô­lant l’ex­cel­lence.

Bor­deaux a beau­coup souf­fert et seuls les rai­sins soi­gneu­se­ment triés ont don­née des vins satis­fai­sants. De plus les mer­lots ont mieux réus­si que les autres cépages. Les blancs secs sont très bons pour autant qu’ils aient été ven­dan­gés avant les pluies. Petits liquo­reux.

Pour clore, la Cham­pagne a connu un mil­lé­sime moyen avec des vins légers et peu struc­tu­rés.

1995

En géné­ral une grande année sur l’en­semble de l’hexa­gone avec des som­mets en Val de Loire, à Châ­teau­neuf et en Bor­deaux. Cer­tains Alsace, pour autant qu’on les ait ven­dan­gés tard sont superbes en sec et fabu­leux en rai­sins nobles.

La Bour­gogne se dis­tinguent par des vins rouges très enve­lop­pés et soyeux avec des tan­nins souples, des belles robes assez pro­non­cées, des par­fums envoû­tants, bref il s’a­git d’une belle année et comme d’ha­bi­tude les meilleurs de ces vins seront encore bien agréables à dégus­ter aujourd’­hui.

Les blancs riches et acides ont un pro­fil de garde et encore main­te­nant ils nous étonnent par leur pré­sence et leur allure gaillarde.

Très beau cham­pagnes mûrs et dis­tin­gués.

La Val­lée de la Loire a connu une année excep­tion­nelle avec des très beaux rouges denses et par­fu­més, des blancs secs solides et bien équi­li­brés et des liquo­reux spec­ta­cu­laires par leur assise et leur force.

Quant à Bor­deaux, c’est un grand mil­lé­sime , voire même très grand avec des rouges somp­tueux, de grand charme en rai­son de leur sou­plesse, mais aus­si doués d’une colonne ver­té­brale qui les main­tient encore pour quelques années. Les meilleurs sont peut-être dans Libour­naiis. Magni­fiques blancs secs issus d’une belle récolte exempte de pour­ri­ture et géniaux liquo­reux d’une richesse rare­ment atteinte.

Il convient de faire des nuances pour la Val­lée du Rhône qui a vécu un été tor­ride, mais a du subir des pluies en sep­tembre, aus­si seuls les vigne­rons qui ont su attendre ont pro­duit des grands vins, voire même des vins d’ex­cep­tion en Côte-Rôtie et à Her­mi­tage. Les blancs sont moins envoû­tants.

Châ­teau­neuf-du-Pape a don­né des grands vins, concen­trés et colo­rés de belle garde. Ici ce mil­lé­sime se situe un peu en retrait des tout grands comme 1988, mais de très peu.

1996

 

Encore une belle année de manière géné­rale. L’Al­sace a don­né des vins sédui­sants, moins cor­sés qu’en 1995, mais de belle appé­tence, qui ont pro­fi­té lar­ge­ment d’un été indien sec et chaud.

En Bour­gogne, la récolte a été magni­fique avec des volumes impor­tants et des rai­sins par­faits. D’où des rouges amples, sou­te­nus par des tan­nins élé­gants, se pré­sen­tant avec des robes splen­dides et des arômes intenses. Vu leur équi­libre alcool-acide, ils se sont mon­trés assez rapi­de­ment prêts à boire, mais cela ne nuit pas à leur lon­gé­vi­té.

Les blancs sont fameux, géné­reux en sub­stance et sou­te­nus par une jolie aci­di­té .

Men­tion spé­ciale pour les Beau­jo­lais, par­faits d’a­rômes, de fraî­cheur et de concen­tra­tion.

Bor­deaux nous four­nit encore une fois un mil­lé­sime proche de la per­fec­tion, notam­ment en Médoc où la récolte fut elle aus­si par­faite. Des grands vins donc, très colo­rés, avec des tan­nins pro­fonds et nobles, une struc­ture de garde et des arômes très com­plexes de fruits mûrs. On peut attendre ces vins plu­sieurs dizaines ‘d’an­nées sans sou­ci…

Les blancs par­ti­cipent de la même fête et quant aux liquo­reux ils enre­gistrent encore une fois un magni­fique mil­lé­sime riche et pro­met­teur.

Dans le Val de Loire, c’est aus­si la fête ! Une année cli­ma­tique très favo­rable a engen­dré des vins blancs secs remar­quables de pré­ci­sion et de concen­tra­tion, les rouges sont au même niveau quant aux liquo­reux ils riva­lisent aisé­ment avec leurs cou­sins du Bor­de­lais.

1996 fut aus­si pro­pice aux grands vins de Côte-Rôtie, d’Her­mi­tage de Cor­nas et de St.-Joseph, tous sains et puis­sants, colo­rés et aro­ma­tiques.

Quant aux Châ­teau­neuf-du-Pape, il a fal­lu attendre après les pluies pour pro­cé­der à la cueillette et seuls les domaines scru­pu­leux ont vrai­ment réus­si cette année.

1997

 Année curieuse à deux titres au moins. L’hé­té­ro­gé­néi­té des vignobles et la hausse insen­sée des prix des grands crus à Bor­deaux. Comme sou­vent l’Al­sace fait de bons vins, souples et en revanche de petite garde,.

La Bour­gogne a pu se réjouir de condi­tions cli­ma­tiques superbes qui ont mise en avant les qua­li­tés du pinot noir: belles robes sombres, tan­nins souples, belle den­si­té en bouche, nez riches et très mûrs. On peut cepen­dant craindre qu’îls soient rapi­de­ment à leur apo­gée. Les blancs sont exquis actuel­le­ment avec leur belle inten­si­té de par­fum et leur tex­ture souple et néan­moins affir­mée.

A Bor­deaux, le cli­mat s’est mon­tré capri­cieux et par consé­quent les vins rouges sont très tendres, sans grande struc­ture en bouche, plai­sants certes, mais bien en-des­sous de 1995 et 1996. Néan­moins, les prix ont atteint des som­mets ver­ti­gi­neux pour un mil­lé­sime somme toute moyen, y com­pris dans les blancs qui manquent sin­gu­liè­re­ment de com­plexi­té. Rele­vons la qua­li­té encore une fois spec­ta­cu­laire des liquo­reux les­quels ont eu une fin de sai­son sèche et lumi­neuse à se mettre sous la dent, si l’on ose dire.

Le Val de Loire nous réserve les meilleures sur­prises avec des blancs secs opu­lent et de par­fait équi­libre et des rouges par­faits d’a­rômes et de fraî­cheur. Encore une fois, Bon­ne­zeaux, Quarts de Chaume et Coteaux du Layon. Accom­pa­gné des magni­fiques Vou­vrays sortent des liquo­reux incom­pa­rables de richesse qui tein­dront des lustres !

A mon goût, la Val­lée du Rhône pèche par un manque d’a­ci­di­té dans cette année. Si les vins furent sans doute bien plai­sants, aus­si bien dans le nord que dans le sud, ils n’a­vaient cepen­dant pas la struc­ture néces­saire pour une longue garde.

Pour les Cham­pagnes l’an­née est un entre-deux avec des vins plai­sants, mais de faible tenue… il ne devrait plus en avoir sur le mar­ché…

1998

Dans cette fina­le­ment belle année ( sep­tembre fut plu­vieux après un bel été et, heu­reu­se­ment octobre fut sec et chaud), ce sont les vins de la Val­lée du Rhône et sub­si­diai­re­ment ceux de Bor­deaux qui emporte la palme.

L’Al­sace a pro­duit de jolis vins, sans plus, agréables et de courte garde, tan­dis que la Bour­gogne sor­tait des assez grands vins avec des rouges colo­rés et tan­niques, d’as­sez bonne garde et des blancs plu­tôt fins et tenus par une belle aci­di­té. Sans doute qu’au­jourd’­hui les rouges atteignent leur apo­gée et que seuls les pre­miers et les grands crus pos­sèdent-ils encore de la réserve.

Le mil­lé­sime est moyen en Val de Loire avec des rouges souples et moyen­ne­ment concen­trés, des blancs secs déli­cats et sans grande pro­fon­deur et des liquo­reux à peine satis­fai­sants. Tous ont souf­fert de condi­tions cli­ma­tiques dif­fi­ciles et il faut cher­cher par­mi les plus sûrs vigne­rons quelques rares bonnes bou­teilles.

Les Cham­pagnes eux aus­si sont un peu déce­vants ayant par­ta­gé avec la Loire et l’Al­sace une année com­pli­quée.

En revanche, Bor­deaux nous réserve de très belles sur­prises avec des vins par­fois un peu aus­tère, mais doué d’une belle matière, dense, solide et struc­tu­rée qui devraient leur per­mettre un bel ave­nir. Magni­fiques pour cer­tains Pome­rol et un peu plus dis­pa­rates dans le Médoc. Les blancs sont sains et équi­li­brés, tan­dis que les liquo­reux manquent peut-être de chair, bien que sou­vent sédui­sants.

Mais les plus grands vins furent issus de la val­lée du Rhône, nord comme sud. Colo­rées à sou­hait, géné­reuses et velou­tées, puis­santes et néan­moins élé­gantes, les Syrah affichent un grand poten­tiel de garde et riva­lisent avec les vins du sud les­quels ont fait le plein de sub­stance velou­tée et de concen­tra­tion. Je cite­rai volon­tiers les vins du Vieux-Télé­graphe comme modèle de réus­site aus­si bien dans l’ex­pres­sion du ter­roir que dans la com­plexi­té de la bouche le tout sur un tapis de tan­nins proche du taf­fe­tas…

1999

 Je retien­drai du mil­lé­sime 1999 essen­tiel­le­ment les vins de Bour­gogne et dans une cer­taine mesure ceux de la Val­lée du Rhône et aus­si quelques grands vins du Val de Loire.

Bor­deaux s’est un peu embal­lé avec cette année…>Pour ma part, bien que quelques jolis existent en Médoc, j’ai quelques peines avec les autres. Sou­vent je leur trouve une matière un peu fluette et sur­tout, curieu­se­ment un arrière-goût inha­bi­tuel. Peut-être est-ce une auto-sug­ges­tion, mais même à l’a­veugle, je détecte cette sen­sa­tion inquié­tante… Ceci dit, il convient tout de même de consta­ter que les prix de ces vins ont bien dimi­nués après quelques années. >Les Liquo­reux sont assez frais et de bonne consti­tu­tion.

L’Al­sace n’a guère pro­duit de grands vins, si ce n’est les Ven­danges Tar­dives remar­quables.

Les Cham­pagnes nous pro­posent des qua­li­tés assez moyennes et un peu diluées.

La Bour­gogne peut s’e­nor­gueillir d’un mil­lé­sime superbe pen­dant lequel le cli­mat s’est mon­tré com­plice. Des ven­danges par­faites, des rai­sins exempts de pour­ri­ture, un haut degré de matu­ri­té, il n’en fal­lait pas plus pour obte­nir des rouges gras et par­fu­més avec des robes for­te­ment tein­tées, des tan­nins soyeux et de belles lon­gueurs en bouche. De garde assu­ré­ment.

Les blancs sont tout aus­si réus­sis et grâce à leur matière concen­trée et leur aci­di­té, ils sont eux aus­si à attendre. On s’en délec­te­ra main­te­nant.

La Val­lée du Rhône, tou­jours assez pri­vi­lé­giée cli­ma­ti­que­ment, a don­né des très beaux vins cor­sés et solides, augu­rant d’un bel ave­nir et ce de manière très homo­gène aus­si bien dans la par­tie sep­ten­trio­nale que méri­dio­nale.

Dans la Loire, rete­nons des Saven­nières (Clos St.-Yves de Bau­mard par exemple) gras et sédui­sants, des liquo­reux très char­meurs dans le Layon et ses crus, et des rouges frais, plu­tôt bons, mais sans doute par de longue garde,

 

2000

 

On a beau­couop glo­sé sur ce mil­lé­sime aux trois zéros et comme il a com­men­cé très bien, on s’at­ten­dait à une année excep­tion­nelle. Si ce fut, plus au moins, le cas à Bor­deaux et dans la Val­lée du Rhône on en dira pas autant de la Bour­gogne, du Val de Loire et de la Cham­pagne. En revanche, il a y des ries­lings excep­tion­nels en Alsace avec une haute aci­di­té et une grande richesse, de vins à n’ou­vrir que dans quelques années…

La Bour­gogne nous délivre en prin­cipe de jolis rouges, hété­ro­gènes vu les condi­tions cli­ma­tiques, les meilleurs arbo­rant un belle robe, une matière assez souple et de beaux arômes. Mais ils sont sur­clas­sés par des blancs remar­quables de pro­fon­deur, de classe et d’é­qui­libre à Cha­blis tout par­ti­cu­liè­re­ment, où ils s’a­vèrent de pre­mière classe. Ceux-là méritent bien d’être atten­dus encore.

Le Val de Loire tire hon­nê­te­ment son épingle du jeu avec des rouges frais et agréables, des secs par­fois de haut niveau à Saven­nières et quelques inté­res­sants liquo­reux cepen­dant on se gar­de­ra de les conser­ver trop long­temps, quoique le che­nin blanc réserve d’heu­reuses sur­prises au vieillis­se­ment alors qu’on de l’at­ten­dait pas.

Grande année à Bor­deaux, sur­tout en rouge qui réunissent toutes les qua­li­tés qu’on est en droit d’at­tendre d’une mil­lé­sime frap­pé de la grande étoile ou de 19 points sur vingt. A mon sens, c’est le Médoc qui rem­porte la palme devant St.-Emilion et Pome­rol avec des vins très concen­trés, des tan­nins puis­sants mais velou­tés, des robes presque noires et des par­fums exu­bé­rants. Ici encore, la garde est de mise pour plu­sieurs années encore.

Les blancs sont très beaux, sou­vent riches et bien balan­cés entre l’a­ci­di­té et l’al­cool. Par contre, les liquo­reux ont subis un automne effroyable, si bien que les rares encore sur le mar­ché ne lais­se­ront pas de grands sou­ve­nirs et même sont cruel­le­ment déce­vants.

Enfin et encore une fois, les rho­da­niens sont à l’hon­neur avec de bons Côte-Rôtie, des Her­mi­tage où les blancs l’emportent sur les rouges et sur­tout d’in­té­res­sants Cor­nas de garde. Châ­teau­neuf-du-Pape a four­ni lés meilleurs vins de ce mil­lé­sime dans cette région sont être cepen­dant au niveau des 1998.

Enfin en Cham­pagne les vins sont moyens et de courte garde dans l’en­semble à quelques excep­tions près, comme de cou­tume.

 

2001

 

C’est un mil­lé­sime hété­ro­gène avec des réus­sites spec­ta­cu­laires à Bor­deaux et en Loire, voire cer­tains Alsace, de jolis Bour­gogne, mais aus­si de très déce­vants Cham­pagne et des Châ­teau­neuf-du-Pape riches d’al­cool, mais une peu séchards.

Les vigne­rons patients ont été lar­ge­ment récom­pen­sés en Alsace qui a vécu un moins de sep­tembre plu­vieux sui­vi d’un superbe mois d’oc­tobre lumi­neux et sec. Dès lors ceux qui atten­du pour ven­dan­ger ont récol­té des rai­sins par­fai­te­ment mûrs et du coup de superbes vins inten­sé­ment aro­ma­tiques.

Bon­ne­zeaux, Coteaux du Layon, Vou­vray et autres liquo­reux de la Loire sont magni­fiques et dense. C’est là une belle année aus­si pour les rouges com­plets et solides qui met­tront du temps à se faire, le caber­net franc pou­vant dans de telles condi­tions deve­nir un fameux cépage et don­ner des vins de belle garde.

La médaille va aux Bor­deaux qui sont, à mon idée, sou­vent meilleurs en 2001 qu’en 2000, tout du moins lorsque je goûte côte-à-côte les deux années. Peut-être que ceci est vrai pour le Libour­nais et un peu moins pour le Médoc…A titre d’exemple le Châ­teau Bel-Air Mar­quis d’A­ligre à Mar­gaux a pro­duit un de ses meilleurs vins depuis une décen­nie: franc, pro­fond et très aris­to­cra­tique, ce 2001 est fait pour durer. Autre vin que je trouve tou­jours savou­reux: le Châ­teau La Grâce-Dieu des Prieurs d’A­lain Lau­bie a trou­vé en 2001 une har­mo­nie par­faite entre des tan­nins fon­dus et soyeux et une matière dense et par­fu­mée.

La Bour­gogne nous pro­pose de belles bou­teilles: les rouges sont fins et bien struc­tu­rés avec des tan­nins encore un peu aigus, mais doués d’une belle pré­sence. Le fruit est bien pré­sent et la garde assu­rée. Misez sur les Côtes de Nuits. Les blancs touche la per­fec­tion pour cer­tain avec un gras et une aci­di­té en par­faite balance. Ils sont réel­le­ment suc­cu­lents… Les uns comme les autres peuvent encore se gar­der, avec une pré­fé­rence pour les blancs, sauf ceux peut-être de Cha­blis un peu moins mûrs.

Oubliez la Cham­pagne vic­time d’une météo maus­sade qui a per­tur­bé tout le cycle végé­ta­tif ce qui a conduit à des ven­danges de rai­sins peu ou pas mûrs, donc à des vins durs et peu flat­teurs.…

Les grands vins du nord du Rhône sont très beaux, avec de belles robes, des nez expres­sifs et une cer­taine ten­dresse qui en font aujourd’­hui des vins tout-à-fait bons à boire. On l’a dit, Châ­teau­neuf-du-Pape est moins gâté avec des vins dés­équi­li­brés entre les degrés d’al­cool trop éle­vés et la matière trop peu concen­trée… Ils devraient être bus depuis long­temps.

 

2002

 

Alors que l’é­té a été plu­vieux, que le prin­temps s’est révé­lé froid, on allait vers un mil­lé­sime raté dans l’en­semble. Or un magni­fique automne a sau­vé l’es­sen­tiel de la récolte un peu par­tout, sauf dans la val­lée du Rhône qui a connu une de ses pires années.

En Alsace, les pluies ont tout de même dilué les vins et rares sont ceux qui ont de la concen­tra­tion et du volume. Seuls quelques grands Gewuerz­tra­menr ont de quoi encore nous réjouir, en par­ti­cu­lier des ven­danges tar­dives.

La Bour­gogne a pro­duit de très grands rouges, pro­fonds, tan­niques et com­plets qui ont de la garde et de la struc­ture. C’est un très belle réus­site, mais qui n’é­qui­vaut pas les blancs les­quels sont sim­ple­ment par­faits: pleins, géné­reux, suaves et d’un éblouis­sant arôme, ils sont les meilleurs vins du mil­lé­sime, sans conteste.

En Cham­pagne, le même phé­no­mène s’est pro­duit: des pluies abon­dantes sem­blaient com­pro­mettre l’an­née et grâce à l’é­té indien, la récolte a été sau­vée et il en est résul­té des beaux cham­pagnes, assez riches et souples, sans doute man­quant un peu de relief pour cer­tains.

Bor­deaux a vécu les mêmes aven­tures cli­ma­tiques et ici aus­si l’au­tomne sec et enso­leillé a sau­vé la ven­danges: Beaux vins sérieux et com­plexes dans le Médoc, sans doute plus beaux que dans le Libour­nais où l’on trouve mal­gré tout de fort belles bou­teilles mais où la matu­ri­té du Mer­lot n’a pas atteint celle des Caber­net-Sau­vi­gnons. Les liquo­reux sont très infé­rieurs à leur niveau habi­tuel et manquent de fond.

La Loire nous per­met de dégus­ter d’ex­cel­lents blancs qui l’emportent sur les rouges. Que ce soient les Che­nins ou les Sau­vi­gnon, ils sont tous très pleins et par­fu­més et l’on prend plai­sir à les ouvrir aujourd’­hui. En rouge, en revanche, la qua­li­té est plus dis­pa­rate., quant aux liquo­reux, il s’a­git là d’une récolte très moyenne en richesse…

La Val­lée du Rhône a connu un mil­lé­sime très déce­vant: les pluies furent par­fois dilu­viennes et la plu­part des vins sont dilués et mous. Cer­tains domaines (Vieux-Télé­graphe par exemple) ont déclas­sé leur récolte. Quelques blancs secs sont encore dis­po­nibles et tiennent la route, mais oublions les rouges de ce mil­lé­sime désas­treux dans cette région. Une fois n’est pas cou­tume…

 

2003

 

Mil­lé­sime hors-norme avec une séche­resse qui a débu­té mi-mai pour s’a­che­ver en sep­tembre et sur­tout une cani­cule mémo­rable. L’en­semble des vins pro­duits dans l’hexa­gone sont plus ou moins aty­piques, mar­qués sou­vent par un stress hydrique impor­tant, en par­ti­cu­lier à Bor­deaux et dans la Val­lée du Rhône.

Si l’Al­sace a pro­duit de beaux vins, en quan­ti­té réduite cepen­dant, ils ne sont pas de longue garde et on ne trouve évi­dem­ment pas de cuvée de pour­ri­ture noble, du fait qu’il n’y a pas eu d’eau, la Bour­gogne enre­gistre une année excep­tion­nelle, quelques pluies bien­fai­santes étant tom­bées à point nom­mé ! Magni­fiques pinots noirs, concen­trés, tan­niques sans doute mais ronds et velou­tés, d’une robe pro­fonde com­plé­tée par une matière extra­or­di­naire qui fait pen­ser à son loin­tain pré­dé­ces­seur : 1929, c’est tout dire. Il faut encore les gar­der, leur évo­lu­tion est lente et encore aujourd’­hui (2012), ils sont fer­més et muets, mais avec des pro­messes qu’ils sau­ront tenir,si l’on se réfère aux vins d’ap­pel­la­tions régio­nales ( Bour­gogne, Hautes-Côtes) qui se sont épa­nouis par­fai­te­ment.

Les blancs sont divins: gras et char­pen­tés, pleins d’a­rômes un peu sur mûris et encore bons dans cinq ou dix ans pour les grands crus.

La Cham­pagne, se révèle quant à elle médiocre, Des gelées meur­trières, un stress hydrique impor­tant, des ren­de­ments faibles, le tout avec des orages de grêles dévas­ta­teurs, tout s’est ligué pour don­ner une ven­danges trop riches en alcool, engen­drant des vins man­quant d’a­ci­di­té et se pré­sen­tant sous un aspect lourd et peu dis­tin­gué. Peu ou pas de cuvées mil­lé­si­mées.

La Val de Loire est un des grands gagnants de ce mil­l­sime. Ven­dan­gés pré­co­ce­ment, pres­qu’un mois avant la date habi­tuelle, les vins sont magni­fiques, char­nus et enve­lop­pés avec des blancs suc­cu­lents et des rouges éton­nants de puis­sance qui leurs confèrent une tenue excep­tion­nelle. Les liquo­reux s’en sortent bine, même s’il leur manque cette touche de botry­tis qui fait leur charme.

Bor­deaux est loin d’a­voir pro­duit un grand mil­lé­sime, mal­gré ce qu’on a bien vou­lu dire. Le stress hydrique a été très impor­tant, des rai­sins ont grillés, le Mer­lot a mal sup­por­té la séche­resse et cer­tains par­chets n’ont même pas mûri, tans il fai­sait sec. Il s’en­suit des vins dés­équi­li­brés, de courte garde et sou­vent trop alcoo­leux et avec une très basse aci­di­té. Il y a quelques excep­tions, bien sûr, mais on peut les comp­ter sur les doigts d’une main…

Excep­tion­nels liquo­reux en revanche, denses et d’une richesse rare­ment atteinte, ils seront les fleu­rons de cette année avec quelques magni­fiques blancs secs, cepen­dant assez rares.

Dans la Val­lée du Rhône il faut trier et choi­sir les vigne­rons qui ont ven­dan­gé tard. Ici aus­si la séche­resse et la cani­cule ont joué quelques mau­vais tout, en par­ti­cu­lier dans le nord, alors que dans le sud quelques pluies ont per­mis d’é­la­bo­rer des vins de bonne tenue. Pour ma part, j’ai trou­vé un Côte-Rôtie épous­tou­flant, mais qui demande des années avant de s’exprimer…aujourd’hui encore à l’i­mage de cer­tains Bour­gognes, il est fer­mé bien que son évo­lu­tion augure fort bien de l’a­ve­nir…

 

 2004

 Année mal­me­née par les médias, d’au­tant plus qu’elle a pour voi­sins 2003 et sur­tout 2005… Or on y découvre de très beaux ‚sin­gu­liè­re­ment à Bor­deaux qui a béné­fi­cié d’un superbe automne lequel a sau­vé la récolte. De beaux rai­sins, mûrs et sains ont per­mis une ven­danges qui mérite lar­ge­ment plus que sa répu­ta­tion. Denses en par­fu­més, lés rouges se tiennent fort bien et ont une belle garde que je com­pare aux 1998. Assez jolis vins blancs secs, droits et aro­ma­tiques, et des liquo­reux un peu au-des­sus de la moyenne, mais sans doute de garde assez courte. Misons sur les rouges dans ce mil­lé­sime, rouges qui sont à des tarifs acces­sibles, contrai­re­ment au mil­lé­sime sui­vant.

La Bour­gogne a elle aus­si pro­duit des bons vins, un peu minces néan­moins et dont il ne faut pas atteindre pour les boire leur charme étant actuel­le­ment dans le fruit et la sou­plesse.. Les blancs l’emportent sur les rouges et, ici encore, les prix sont gen­tils.

L’Al­sace allait vers la grande année lorsque des pluies sont venus gâcher la récolte. Mal­gré tour, on trouve d’ex­cel­lents vins, doués d’une belle aci­di­té qui leur per­met­tra de vieillir encore quelques temps. Ils sont fermes et nets. Peu ou pas de ven­danges tar­dives et encore moins de rai­sins nobles.
La Val de Loire a four­ni des beau rouges et des secs assez ner­veux pour ceux qui ont ven­dan­gé tard et qui ont trié la récolte. Pas de grands liquo­reux cette année, mais de sym­pa­thiques rouges issus de Caber­net-Franc qui a bien résis­té au cli­mat.

Rete­nons enfin quelques vins en Val­lée du Rhône avec des Châ­teau­neuf-du-Pape par­fois bien com­plets et gras, avec une solide char­pente et qui l’emportent sur leurs cou­sins du nord, plus légers et moins com­plexes, quoique char­meurs. Alors que les vins méri­dio­naux peuvent encore bien vieillir, il convient de boire les vins sep­ten­trio­naux.

Mal­gré une récolte plé­tho­rique, les Cham­pagnes font bonne figure et ont sor­ti des bou­teilles de bonne tenue qui font de 2004 un mil­lé­sime clas­sique avec des vins sains et fins.

2005

 Voi­là le retour d’un tout grand mil­lé­sime, aus­si bien dans le nord que dans le sud, à l’est qu’a l’ouest, 2005 a pro­duit des grands vins en rai­son d’un cli­mat par­fait avec un enso­leille­ment géné­reux et sur­tout des nuits fraîches qui ont per­mis de conser­ver des aci­di­tés éle­vées.

Ain­si en Alsace c’est la fête aux vins de garde qui sont assis sur une belle et franche aci­di­té avec un beau tonus et une expres­sion frui­tée cap­ti­vante… à attendre encore.

La Cham­pagne signe un tout grand mil­lé­sime avec des vins concen­trés, char­nus, enve­lop­pant et dotés eux aus­si d’une base acide qui leur confèrent une gran­deur qu’ion avait pas vue depuis quelques années. Grands Cham­pagnes donc qui riva­lisent avec des Bour­gogne de la même veine. Les Pinots noirs arri­vèrent à pleine matu­ri­té dans des condi­tions sani­taires par­faites et avec, comme par­tout cette nnnée une éton­nante fraî­cheur. Concen­trés, mûrs, gran­dioses en bouche, com­plexes au nez, pro­fonds et soyeux, ce sont des pures réus­sites qui rap­pellent les 1999, voire les 1959 et qui plus est seront de longue garde.

Bor­deaux fait mer­veille dans ce grand mil­lé­sime avec une récolte par­fai­te­ment saine aus­si bien en Mer­lot qu’en Caber­net-Sau­vi­gnon. 2005 est déjà ren­tré dans la légende des mil­limes d’ex­cep­tion avec des vins bâtis sur du roc, des vins denses avec une trame ser­rée et d’exu­bé­rants arômes. Que ce soit les vins de la rive gauche ou ceux de la rive droite, c’est par­tout une fête gus­ta­tive avec des vins superbes qui rap­pellent les fameux 1982… A conser­ver impé­ra­ti­ve­ment. A titre d’exemple, le Châ­teau Bel-Air Mar­quis d’A­ligre a épous­tou­flé toute une table de som­me­liers par sa vigueur et sa pro­fon­deur, alors que ce vin est répu­té pour sa grâce et son élégance…Il ne les avait pas per­dues, bien au contraire, mais avec la concen­tra­tion de la matière il pre­nait l’al­lure des plus grands vins du Médoc, pour­tant bien mieux clas­sés que ce modeste Mar­gaux…

Rele­vons encore de très beau liquo­reux eux aus­si par­fai­te­ment équi­li­brés et d’une sédui­sante richesse.

 

Le Loire signe aus­si un mil­lé­sime par­faits: des rouges vibrants avec une pro­fon­deur inac­cou­tu­mée, des blancs secs per­cu­tants de par­fums et de corps, des liquo­reux de race, bref tout pour plaire à condi­tion d’at­tendre !

La Val­lée du Rhône est aus­si de la par­tie avec des vins sin­gu­liè­re­ment homo­gènes aus­si bien en haut qu’en bas de la Val­lée: Her­mi­tage splen­dides, Côtes-Rôties intense, Cor­nas éblouis­sants de pure­té, par­faits Crozes-Her­mi­tage et St.-Joseph rouges, tous de garde et tous mer­veilleu­se­ment par­fu­més, le tout cou­ron­né par des Châ­teau­neuf-du-Pape de légende.

Quant au Sud-Ouest, il fait par­tie de la noce avec des vins concen­trés, aus­si sains que pos­sible avec de la ron­deur et du volume. Les meilleurs peuvent encore se conser­ver, mais comme tou­jours ici, la fraî­cheur l’emporte sur la garde si l’on veut les consom­mer dans le meilleur moment soit entre trois et cinq en moyenne, bien enten­du.

 2006

 Impres­sion miti­gée, à l’ex­cep­tion de la Val­lée du Rhône., en effet, les condi­tions cli­ma­tiques ne furent guère favo­rables pour les autres régions, encore qu’à Bor­deaux il existe de nom­breuses excep­tions. Les pluies de sep­tembre n’ont pas ren­du les choses faciles. Ain­si en Alsace ‚il aura fal­lu beau­coup trier, comme en Cham­pagne et en Bour­gogne encore plus… En Loire, le Che­nin a beau­coup souf­fert et il n’y a pas eu de réels liquo­reux. Quant aux rouges, ils sont par­fois dilués et pour les meilleurs, tout par­ti­cu­liè­re­ment à Chi­non il y a en revanche de petits tré­sors issus de ven­danges par­ti­cu­liè­re­ment bien triées et effec­tuées tar­di­ve­ment. On se rap­pelle d’un Clos de la Dio­te­rie éton­nant de struc­ture et de force, un vin doté d’un garde de 10 ans au moins, comme quoi avec de la minu­tie et un tra­vail sélec­tif on peut arri­ver à des som­mets même dans un mil­lé­sime ingrat.

Pour le blancs d’Al­sace, on trouve de rares ries­lings et Gewürz­tra­mi­ner chez les vigne­rons les plus conscien­cieux, ce sont alors de beaux vins francs et élé­gants.

En Cham­pagne, le mil­lé­sime s’a­vère fra­gile avec une aci­di­té assez basse et donc d’une garde très moyenne.

En Bour­gogne, prime aux blancs qui s’en bien mieux sor­ti que les rouges qui se pré­sentent avec une hété­ro­gé­néi­té impor­tante. Je ne pense pas cepen­dant qu’il y ait de grands vins cette année, le pinot noir ayant subi les ravages d’un mil­diou vorace. Quelques grands crus se dégustent aujourd’­hui sans arrière-pen­sée…

Bor­deaux est para­doxal. On découvre des vins superbes issus de Mer­lot concen­trés et néan­moins souples, mais la révé­la­tion pro­vient de cer­tains Caber­net-Sau­vi­gnon qui ont four­ni des vins sans doute un peu aus­tère aujourd’­hui mais qui ont un remar­quable poten­tiel de garde. Ici, il faut se méfier car 2006 pour­rait finir plus haut dans le pal­ma­rès qu’ac­tuel­le­ment…

La Val­lée du Rhône nous réserve d’a­gréable sur­prises avec des Côte-Rôtie de charme, des Her­mi­tage com­plexes et de savou­reux Châ­teau­neuf-du-Pape pour les­quels j’ai un petit faible en rai­son de leur équi­libre et leur velou­té. En revanche , ce ne sont pas des vins de très longue garde. On trouve aus­si de remar­quables blancs qui se dégustent avec joie aujourd’­hui, grâce à leur matière élé­gante et leur poten­tiel aro­ma­tique.

 2007

 Voi­là un mil­lé­sime dif­fi­cile à cause d’une humi­di­té telle qu’elle a engen­dré de grasses dif­fi­cul­tés dans les vignobles sep­ten­trio­naux qui ont du faire face à des attaques de mil­diou. Heu­reu­se­ment un mois de sep­tembre assez chaud et exempt de pluie a per­mis de sau­ver la récolte dans la plu­part des cas, mais sur­tout chez les vigne­rons patients qui ont atten­du la pleine matu­ri­té des rai­sins pour ven­dan­ger.

Ce sera la cas de l’Al­sace qui a beau­coup souf­fert et si le mal­heur a vou­lu que l’on ven­dange trop tôt, les vins furent alors minces et de toute petite garde. En revanche les rai­sins cueillis tar­di­ve­ment ont engen­dré des beaux vins assez riches et sédui­sants. Vigi­lance donc ! De même en Bour­gogne où l’on déniche quelques belles bou­teilles si ‚encore une fois, on a atten­du. Les blancs ici l’emportent sur les rouges: blancs avec de l0acidité, du fruit et même, à Cha­blis sin­gu­liè­re­ment, un belle garde, rouges pour les meilleurs ‚satis­fai­sants par leur sou­plesse et leur fruit, mais qui ne devraient pas se gar­der plus de cinq ou six ans…

En Cham­pagne aus­si, il a fal­lu veiller à ne pas enta­mer les ven­danges trop vite et si les pinots sont en géné­ral pas de la meilleure qua­li­té, les Char­don­nays ont cepen­dant fait bonne figure, d’où cer­taines belles cuvées dans la Côte des Blancs.

Le Val de Loire a subi lui aus­si les outrages d’une météo capri­cieuse favo­ri­sant les cham­pi­gnons. Et encore une fois, sep­tembre a chan­gé la donne. Avan­tage aux blancs qui sont plus mus­clés que les rouges et sur­tout aux liquo­reux qui plei­ne­ment béné­fi­cié de l’é­té indien. A mon sens, il y a des vraies perles en quarts de Chaume et en Coteaux du Layon, grâce à une forte concen­tra­tion et une aci­di­té rele­vée qui favo­ri­se­ra la garde sur plu­sieurs décen­nies pour les plus réus­sis.

Bor­deaux a pro­duit un beau mil­lé­sime, sur­tout en Médoc où la matu­ri­té du Cabernet_Sauvignon fut géné­ra­le­ment bonne. Beaux vins aus­si sur la rive droite, mais moins char­pen­tés et de plus cou­ter garde. On a pu dégus­ter des remar­quables St.-Emilion pour le fruit, leur ron­deur et leurs tan­nins fon­dus, mais qui cepen­dant, contrai­re­ment à cer­tains Médocs n’ont pas l’é­toffe suf­fi­sante pour durer au-delà de une dizaine d’an­nées.

Les liquo­reux connaissent une année mémo­rable avec des vins superbes, riches, acides et d’un par­fait équi­libre. A rete­nir donc !

Et rebe­lote en Val­lée du Rhône avec un mil­lé­sime sédui­sant grâce à l’a­bon­dance de la récolte et à sa belle matu­ri­té. C’est une année très homo­gène qui nous réserve des Côte-Rôtie par­fu­mées et géné­reuses, de superbes Her­mi­tage fon­dus et frui­tés, des Cor­nas moins tan­niques que d’ha­bi­tude, et sur­tout de magni­fiques Châ­teau­neuf-du-Pape à la robe pro­non­cée, au frui­té envoû­tant et dotés de sur­croit d’une bouche pleine et cro­quante. Une réus­site cer­tai­ne­ment !

2008

Après la grand’­messe par­ké­rienne, Bor­deaux chan­tait les louanges des rouges de 2008… Force est de consta­ter qu’il n’en est rien ou presque. J’ai goû­té de nom­breux vins et à quelques excep­tions près, je leur ai trou­vé une ver­deur mar­qué, une absence de grâce et de velou­té dou­blée d’une astrin­gence mar­quée qui ne me semble pas de bon augure… L’é­té frais et plu­vieux a été sui­vi par chance d’un sep­tembre chaud et enso­leillé qui a à nou­veau sau­vé la ven­dange. Pour autant, elle n’est pas à la hau­teur de ce que les médias en ont dit. Certes quelques grandes cuvées seront dignes d’é­loges, mais elles sont rares et pour tout dire, il fau­dra attendre long­temps et même, je doute que les vins ne sèchent pas avec l’âge.… un mil­lé­sime dont je me méfie sin­gu­liè­re­ment dans cette région.

A l’in­verse en Bour­gogne, si les vins conservent une grande aci­di­té et que cer­tains sont même minces, on trouve plus faci­le­ment des vins équi­li­brés avec une colonne ver­té­brale solide qui devraient leur per­mettre d’af­fron­ter les années avec suc­cès. Ils sont en tout cas de garde et iront sans doute plus loin que les 2009, avec comme tou­jours des excep­tions dans les deux cas. Quoi­qu’il en soit 2008 avec son été indien a ren­ver­sé la vapeur et on peut affir­mer que lies rouges de cette année nous réser­ve­ront encore d’a­gréables ins­tants. Ils sont plus réus­sis dans l’en­semble que les blancs, bien que ces der­niers aient un réel agré­ment actuel­le­ment.

On peut en dire autant des vins d’Al­sace qui eux aus­si ont vu un mois de sep­tembre venir à la rescousse…Du coup on déniche chez les vigne­rons qui ont atten­du des beaux vins, assez acides pour résis­ter au temps et suf­fi­sam­ment riches pour ne pas s’a­min­cir.

Les Cham­pagnes ont été à rude épreuve avec un été froid et plu­vieux. Mais de nou­veau ceux qui atten­du et ont sévè­re­ment trié la ven­danges ont pu obte­nir des bou­teilles de bon niveau avec des vins suf­fi­sam­ment struc­tu­rés et un cer­taine ron­deur.

Le Val de Loire a connu des pro­blèmes sem­blables et il s’en­suit que les vins blancs secs cueillis après un sep­tembre chaud et sec ont une belle matu­ri­té et sont droits et bien tim­brés. Les rouges, à condi­tion d’a­voir été rigou­reu­se­ment triés et tar­di­ve­ment ven­dan­gés peuvent être de belle classe et se conser­ver encore quelques lustres. Peu de liquo­reux cette année, mais par­fois éton­nants pour les meilleurs d’entre eux à cause de l’a­ci­di­té et du frui­té intense.

La Val­lée du Rhône a été sanc­tion­née par les médias en rai­son de l’é­té plu­vieux et du manque de matu­ri­té de la récolte. Or aujourd’­hui, on remarque que les vins aus­si bien du nord que du sud sont agréables à boire, tout en finesse et en déli­ca­tesse. Certes ce ne sont pas des monu­ments comme 2007 ou 2009, mais ils ont aujourd’­hui un charme cer­tain qui nous per­met d’at­tendre ceux des mil­lé­simes plus concen­trés.

2009

 

Dans l’en­semble , 2009 fut un beau voire un grand mil­lé­sime. Un été chaud et sec, un automne presque sans pluie, bref tout a concou­ru pour faire de cette année une belle réus­site homo­gène.

L’Al­sace nous a four­ni des vins pleins et gras, peut-être moins miné­raux que les 2088, mais avec sans doute plus de charme et de sol­va­bi­li­té immé­diate. Bien qu’ils ne soient pas de très longue garde, ils sont équi­li­brés. On se méfie­ra des vins trop riches en alcool.

La Bour­gogne fut à la fête avec des belles ven­danges (un temps mena­cées par les mala­dies qui recu­lèrent grâce à la séche­resse). Il en résulte de très beaux rouges, colo­rés, par­fu­més et com­plets, avec une belle pro­fon­deur et une grande sou­plesse. Sans doute devront-ils être bus avant les 2008 et sur­tout les 2010, mais gageons que les grands crus sau­ront tenir leurs pro­messes pen­dant plus d’une décennie…Quoiqu’il en soit, ce sont des vins très sains et d’une matière har­mo­nieuse qui séduit le consom­ma­teur par leur élé­gance et leur pro­fon­deur.

Dans les Beau­jo­lais, c’est un fameux mil­lé­sime : des rai­sins par­fai­te­ment sains, un temps idéal, bref la récolte fut magni­fique et les vins en consé­quence: juteux, par­fu­més, et inten­sé­ment par­fu­més, soit une véri­table année à Beau­jo­lais !

Superbes Bor­deaux, dans la ligne des 2005avec un soup­çon d’a­ci­di­té en moins, ce qui leur per­met­tra sans doute d’être bus plus tôt. Mais on reste sous le charme de ces vins com­plexes, mar­qués par un fruit intense et par un gras inac­cou­tu­mé. Que ce soit avec les Médoc ou les Libour­nais, on découvre une année fort belle, toute proche du grand mil­lé­sime, et même pour cer­tains, c’est d’ailleurs le cas. Mais lais­sons-les encore quelques temps pour qu’ils puissent déli­vrer toutes leurs qua­li­tés, car ils en ont: cou­leur sombre, tan­nins mûrs, fruit explo­sif et longue bouche, une très belle palette donc !

La Loire n’est pas en reste avec des vins char­nus en blancs , par­fois trop riches et avec une aci­di­té un peu basse, il convient donc de choi­sir des vins ven­dan­gés au bon moment et qui auront donc conser­vé de la fraî­cheur. Superbes rouges avec de la concen­tra­tion et de la matière et qui, même s’ils ont une aci­di­té peu mar­quée, ont néan­moins un joli poten­tiel de garde grâce à des tan­nins bien pré­sents. Les Sau­mur-Cham­pi­gny sont au som­met.

Magni­fiques Cham­pagnes, quoi­qu’ils soient par­fois mar­qués par l’al­cool, mais dans l’en­semble ce sera un grande année avec de la com­plexi­té et de la puis­sance.

La Val­lée du Rhône tient elle son grand mil­lé­sime: tout pour plaire avec des vins très concen­trés entre Lyon et Valence, très mûrs, mais avec de la fraî­cheur, que ce soit en Côte-Rôtie, en Her­mi­tage ou dans les appel­la­tions moins recher­chées, la réus­site est au ren­dez-vous et on repar­le­ra de ces vins pro­fonds et mus­clés, auréo­lés d’un fruit exu­bé­rant dans plu­sieurs lustres !

Très beaux Châ­teau­neuf-du-Pape, dans la ligne des 2007 avec un peu plus de rigueur, en prin­cipe. L’a­ve­nir est pour eux…