Les millésimes

01 Esperluettes définitif

 

Parler des millésimes, c’est prendre de gros risques sachant qu’ils sont variables d’une région à l’autre, voire même dans une région tel que le bordelais ou le Val de Loire… Et qui plus est, les vins blancs sont différents des rouges et les liquoreux sont encore à part… Je pense à ce maudit 1968, envahi par la pourriture et qui a donné des blancs à boire dans l’année et des rouges souvent détestables à cause des faux goûts dus à la pourriture… A l’époque on ne maîtrisait pas encore ce phénomène. Or les Sauternes, vendangés un mois plus tard ont bénéficié d’un été indien qui a sauvé la récolte. J’ai eu le plaisir de boire quelques bouteilles de ce divin breuvage, ( à des prix que je n’ose évoquer sans passer pour un menteur, moins de 40.- euros à l’époque, ce qui en vaut une centaine aujourd’hui…) .Une révélation pour un jeune homme qui débutait dans ce commerce, il me semble encore en percevoir les arômes et la texture quand je me remémore ces moments uniques.

Donc décrire des millésimes, sauf lorsqu’ils sont exceptionnels, comme 2009 ou 2005, donc réussi partout est une entreprise sujette à bien des critiques. Mais on peut peut-être les évoquer par des souvenirs.

 1972

 Mon premier millésime: Une année froide… il a neigé tous les mois de l’année à La Chaux-de-Fonds, la ville la plus haute d’Europe (1000m). La bise n’a cessé de souffler mais en revanche, il n’a pas plu depuis le 15 août jusqu’à fin septembre. Les raisins conservaient une acidité forte, mais comme l’activité chlorophyllienne avait pu se dérouler presque normalement, les pinots noirs de Bourgogne avait atteint une maturité inespérée, de telle sorte que l’on a obtenue pour les meilleurs d’entre eux des vins de longue garde dont certains témoignent encore aujourd’hui. A titre d’exemple, un Musigny de Daniel Moine, ouvert en 2009 qui a emballé les heureux buveurs par son étonnante fraîcheur, sa complexité aromatique et sa tenue en bouche longue et suave.

En revanche les vins de Bordeaux n’ont guère bénéficié du même climat et ils s’avèrent rêches, sévère et sans gras, rouges comme blancs. Les liquoreux sont presque inexistants…. Les autres régions ont terriblement souffert et il n’existe sans pas plus que quelques bouteilles pour les collectionneurs.

 1973.

 Grosse production un peu partout et surtout des vins lavés par lez pluie au moment des vendanges. Des vins qui devraient être bus depuis bien longtemps ! A l’exception des Alsace blancs qui ont fait une belle année et quelques beaux Bourgognes blancs, on ne retiendra pas grand-chose de ce millésime ingrat. Il y quelques belles bouteilles dans le Jura, mais cela n’étonne personne, tant ce vignoble joue une partition en solo, très souvent loin du diapason collectif… à preuve certains vins jaunes provenant de millésimes aussi peu cotés que 1967, 1979 ou encore plus récemment 1987…

Et ici, même les vins secs (Chardonnay) semblent avoir vaincu le signe indiens lorsqu’on ouvre un Côtes du Jura de Bourdy, superbe vin, un rien austère, mais si plain de vie et de relief qu’on s’y perd avec délectation. Notons que ce cette année qui vit le château Mouton-Rotschild, classé deuxième cru en 1855, être promu par un ministre quasi démissionnaire premier cru, après vint ans de pression de la part des propriétaires de ce célèbre cru…

1974

 Un des pires millésimes à mon goût… tout avait assez bien démarré, un printemps ensoleillé, un été normal et voilé que des pluie d’automne sont venu tout gâcher… Certains imaginent que ce fut malgré tout un bon millésime, mais après y avoir tâté plusieurs, je lui trouve un goût d’année, comme on dit en bourgogne, à savoir un goût peu engageant de léger pourri, de léger réduit de poussière, en tout peu engageant et cela même avec les plus grands… inexplicable, ce phénomène s’est reproduit curieusement dix ans plus tard en 1984 et de même manière, mais moins accentué en 1994, voire même en 2004…. Curieuse fréquence tout de même ! Quant aux vins du bordelais, ils sont étrangement dans la même veine… des vins à oublier de toute urgence !

 1975.

 Hosanna ! La presse unanime de chanter sur le ton de la victoire l’avènement de ce millésime considéré immédiatement comme le millésime du siècle et ce en compagnie d’une bonne dizaine d’autres «  millésimes du siècle »…. Je parle ici de Bordeaux, car il en va tout autrement de la Bourgogne et de la Vallée du Rhône où les pluies chaudes firent un véritable ravage… Et bien je me garderai bien d’un tel enthousiasme… Lorsqu’on ouvre aujourd’hui une bouteille de bordeaux 1975, c’est la déception totale: le vin se révèle dans la majorité des cas, sévère, rude, mal équilibré, souvent vieilli avec des teintes brunâtres et des goûts de réduits poussiéreux… pas de fruits, mais des structures agressives. Des tannins pointus… Zut… encore un millésime à oublier, sauf pour quelques rares Graves et les Sauternes qui ont bénéficié de l’automne très sec et qui ont donné des vins passerillés, donc sans pourriture noble ou presque, des vins atypiques sans doute, mais qui se sont bien tenus… on ouvrira quelques flacons de liquoreux pour le plaisir de goûter à une expression inhabituelle de ces vins… raisins de Corinthe, fruits secs et thé…

Quant à la Bourgogne et les autres vignobles, il n’y a pas eu de vins dont on puisse parler avec bonheur… des pluies chaudes ont favorisé une invasion anticryptogamique qui a eu raison des meilleurs d’entre eux… Disons tout de même que certains Alsace on tiré leur épingle du jeu, mais où en trouver encore et ont-ils résisté au temps ?

 1976

 Année de grande sécheresse, elle a engendré, plus particulièrement en Bourgogne des grands vins atypiques, peut-être, mais certainement de belle garde. Les rouges surtout, suite à la sécheresses, leurs baies se sont concentrées et par conséquent les tannins aussi. Il s’ensuit que les vins avaient une forte structure, même si certains manquaient d’acidité. D’où des vins profonds, colorés, puissants, mais parfois lourds. Les meilleurs d’entre eux (Côte de Nuits surtout) proposent des parfums de fruits confits, des bouches tapissées et une grande longueur finale. On peut leur reprocher d’être peu désaltérant sans doute, mais ce sont des vins ( s’il en reste…) parfaits pour l’automne et donc la chasse.

Les blancs par contre ont eu une vie éphémère en raison du manque d’acidité et s’avéraient mous et trop riche.

Les Bordeaux ont connu un peu le même sort, mais le Cabernet-Sauvignon supporte moins bien la chaleur que le Pinot noir, donc les tannins se sont révélés plus desséchant . Au vieillissement, on tombe sur des bouteilles pas toujours convaincantes, n’ayant pas digéré le surplus tanniques. En revanche, j’avoue avoir trouvé quelques sympathiques Merlot ( Pomerol et St.-Emilion) qui se sont bus dix ans après et qui offraient une belle rondeur. Quant aux liquoreux, ce fut une belle année, sans botrytis et donc des vins passerillés, avec des timbres de fruits confits et de fruits secs… Les meilleurs d’entre, plus particulièrement dans le Val de Loire feront encore une forte impression actuellement car leur concentration les a maintenus dans une belle forme. Grands Alsace aussi, mais avec des tendances à la lourdeur et à l’épaisseur, sauf quelques rares rieslings.

 1977

 Fichue année… de la pluis, du froid, des raisins qui manquentr cruellement de maturité surtout à Bordeaux. Des vins à éviter donc ! La Bourgogne s’en sort mieux, le mois de sptembre a été clément et certains vins sont assez réussi, mais de courte garde… Les seuls bons souvenisr sont un Chambolle.Musigny « Les Amoureuses » et surtout un « Clos de La Roche » extraordinairement parfumé, séveux et souple qui avait tenu 10 ans… la dernière bouteille dégustée une vingtaine d’années plus tard était passée, hélas, devenu squelettique, le vins n’avait plus qu’à finir sa carrière dans une sauce… laquelle fut parfaite, on s’en doute !

Quant aux blancs, eux aussi, dovraient eetre bus depuis belle lurette et oublions les liquoreux !

 1978

 Enfin un fabuleux millésime pour l’ensemble de la France à l’exception peut-être de la Champagne. Un été maussade, mais une arrière saison exceptionnelle qui a permis une maturation parfaite des baies et de surcroît une quantité assez faible qui a encore concentré les matières. La Bourgogne a engendré des rouges structurés, aux tannins complexes et mûrs, avec des arômes riches et variés, des vins qui expriment leur « climat «  avec force et,cerise sur le gâteau de très longue garde. Les blancs furent aussi remarquables, mais avec une garde plus couter, semble-t-il.

Mention pour la Vallée du Rhône qui nous a livré un millésime historique aussi bien dans le nord (Côte-Rôtie, Cornas, Hermitage) avec des Syrah mûres et concentrées, ici aussi de très longue garde ( j’ai ouvert une bouteille de Jasmin, Côte-Rôtie en 2011 qui était encore vibrante de jeunesse…) que dans le sud avec des Châteauneuf de légende lesquels se goûtent aujourd’hui encore et pour une décennie de plus pour les meilleurs d’entre eux (Vieux-Télégraphe par exemple).

A Bordeaux, c’est le meilleur millésime à mon sens depuis 1970. A l’image des Bourgognes, ils ont bénéficié d’un magnifique été indien qui caressé les raisins pour en exprimé le meilleur. Ici aussi la concentration ( naturelle, j’insiste) est parfaite, les vins sont puissants, profonds, équilibrés et parfumés avec un potentiel de garde étonnant. Les Graves sont en tête (Domaine de Chevalier tout particulièrement à mon goût) et les grands Médoc les talonnent.

Petite déception avec les Sauternes qui ont manqué de botrytis et ont donné des vins gras mais monocordes.

Magnifique vins dans le Val de Loire où les blancs issus de Chenin n’ont pas fini de nous étonner pour autant qu’on en trouve encore. Quant aux rouges c’est là aussi le meilleur millésime depuis des lustres.

L’Alsace est au diapason des autres régions viticoles avec des vins parfaitement aboutis aussi bien en Riesling qu’en Gewürztraminer.

 1979

 Bon millésime dans l’ensemble,. Évidemment après 1978, la comparaison le fait un peu souffrir. En Bourgogne, on découvre des vins souples, avec une belle structure et souvent complet. Ils sont sans doute moins profonds que les 1878, mais tiennent bien en cave. Ils sont maintenant à maturité pour les grands crûs, les autres devraient déjà être bus. Les blancs ont dépassé l’âge de maturité,. Splendides vins dans la vallée du Rhône où les vignobles septentrionaux ont réussi leur coup avec des nez intenses et complexes, des bouches soyeuses avec des tannins doux et une grande longueur en finale,

Bordeaux réserve d’heureuses surprises singulièrement en Médoc. A mon sens dans les premiers et seconds crûs le temps est venu de les consommer, alors que les autres sont sur la pente descendante. Lorsqu’ils sont mûrs, ils réservent d’heureuses surprises avec des vins en rondeur, parfumés et équilibrés. Quant aux liquoreux, ils sont très heureusement réussis avec du gras, de la richesse et une bonne tenue.

Belle année aussi dans le val de Loire, en Alsace avec des remarquables Rieslings et enfin de jolis Champagnes à consommer d’urgence.

 1980

Opposition entre Bordeaux et Bourgogne: les premiers ont souffert de pluie pendant les vendanges de sorte que les vins sont souvent minces et dilués avec une acidité parfois mordante. Les seconds ont eu la chance d’une belle arrière-saison, évitant la pluie, il en résulte des vins assez corsé, marqué par une belle acidité qui leur confère une solide colonne vertébrale. Ces Bourgognes-là, encore une fois pour les mieux réussis, ont une belle tenue en cave et sont maintenant prêtes à boire. L’Alsace a produit des petits vins, de même que la Champagne et le Val de Loire. En revanche, la grande étoile va à la Vallée du Rhône qui nous a réservé un millésime superbe avec des vins racés et purs, tout particulièrement à Châteauneuf-du-Pape. Pour avoir ouvert une bouteille de .. Côtes du Ventoux en 2010, je suis resté parfaitement coi devant un vin frais, harmonieux et qui, bien que sur le déclin, laissait une bouche agréable et fruitée…

Magnifique vins doux dans le Bordelais, des vins qui n’ont pas atteint une très grande cote qui furent une excellente affaire pour la amateurs avertis…Et ces vins sont encore là à preuve un superbe Sigalas.Rabaud qui n’a pas pris une ride et dont la dégustation fur une révélation par sa richesse, sa solidité et son imposante présence en bouche.

 1981

 Millésime hétérogène où le meilleur côtoie le pire… Côté meilleur quelques beau rouge à Bordeaux où les vendanges s’annonçaient magnifiques lorsque des pluies diluviennes se sont abattues sur le vignoble. Malgré tout, certains vins ont tiré leur épingle du jeu, dans les Graves et quelques Médocs bien choisis ( parmi les grands crus). Les blancs sont médiocres et de toutes façons dépassés. Les liquoreux, assez jolis au début se sont révélés rapidement vieillis. Côté meilleur, quelques grands bourgognes à sélectionner dans les 1er et les grands crus et qui ont tenu jusqu’à aujourd’hui, mais il ne faut pas croire au miracle, ils gardent toujours une verdeur et une austérité marquées.

Côté pire : Champagne et Alsace, mais on se consolera en pensant qu’il n’y en a plus dans les caves… et encore moins de vins de la Vallée du Rhône nord, secs et étriqués.

En revanche de beaux Châteauneuf et de remarquables vins dans la Loire. Notons encore que les fortes gelées d’avril ont réduit considérablement la récolte.

 1982

 La grande réussite à Bordeaux ! Des rendements pléthoriques auraient du rendre cette vendange diluée, mais les conditions climatiques excellentes ont permis aux raisins de mûrir parfaitement. Il s’ensuit des vins concentrés, aromatiques, puissants, corsés mais élégants, raffinés et pour tout dire terriblement séducteurs. Des bouteilles qui sont encore actuellement recherchées et atteignent souvent des prix stratosphériques… Les Sauternes et consorts se sont montrés grands, voire très grands et restent présents.

La Bourgogne nous propose des vins aqueux en raison d’une vendange trop abondante et c’est là qu’on observe que le Pinot Noir ne supporte pas une grosse production, il devient pâle, maigrichon et atone… Quelques rares flacons dans les grands crus, mais souhaitons que les propriétaires de ces rescapés les aient bus !

Très beaux vins dans le val de Loire et de jolis vins en Côtes du Rhône à Tain et Cornas. Châteauneuf décevants à cause de la dilution et Alsace à mettre au même diapason.

Superbes champagnes riches et gourmands.

 1983

 C’est l’année des Côtes-Rôties, Hermitages, St.-Joseph, Cornas … Etonnament concentrés, ces vins ont une densité fabuleuse qui envahi le dégustateur et le laisse pantois devant tant de richesse et d’équilibre. Des merveilles qui peuvent encore vieille… On en dira pas autant des Châteauneufs qui sont jolis, mais bien en-deça de leur voisins nordiques. La Bourgogne a livré des vins puissants, colorés et un peu sévère. Il fallait les attendre et éviter les vins marqués par la pourriture qui a sévi durant l’été. On remarquera cependant quelques grands vins chez les vignerons attentifs et qui ont trié la vendanges. Ces vins-là réservent maintenant d’agréables surprises.

Le Val de Loire se caractérise par ses grandioses liquoreux, profonds, séveux et bien botrytisés. J’ai encore deux ou trois bouteilles de Bonnezeaux « La Chapelle » de Boivin qui témoignent de l’exceptionnelle longévité de ces Coteaux du Layon.

De beaux Alsace largement dotés mais d’une acidité un peu basse. Grands Champagnes mais que ne sont peut-être pas aussi complets que les 1982.

Enfin saluons les liquoreux bordelais pour leur réussite: gras, moelleux et d’une belle constitution, ils devraient encore satisfaire des palais pendant quelques années…

 1984

 Très clairement, c’est un millésime à oublier. Le bordelais fut dévasté par le cyclone Hortense, la Bourgogne l’Alsace comme la Champagne et le Val de Loire par les pluies d’automne et un manque cruel d’ensoleillement, la Vallée du Rhône n’offre guère plus d’intérêt dans le nord comme dans le sud. Quelques rares Cornas ont survécu au naufrage et quelques (plus rares encore) Médocs issus de Cabernet-Sauvignon cependant durs et anguleux… Enfin seuls les liquoreux ont manifesté un certain charme… pour autant qu’ils aient été bus jeunes !

 1985

 Retour aux grands millimes dont celui-ci est un bel exemple: Bourgogne, Bordeaux, Loire, Alsace, Vallée du Rhône, bref ce fut partout la réussite. Remarquons que la Champagne a produit elle aussi des très grands vins, malheureusement la récolte fut détruite à près de 50% par de terribles gelées en avril.

Les Bourgognes rouges sont à leur apogée, subtils, colorés, souples et savoureux avec un jolie potentiel de garde, quoiqu’avec les temps ( exceptés les grands crûs) les vins ont tendance à se fatiguer. Les blancs ont un caractère analogue.

Les Bordeaux sont aussi dans les sommets avec des vins superbes à la robe profonde, aux tannins savoureux, aux arômes intenses et avec une sensation de confort en bouche tout-à-fait séduisante. Ici aussi, je me pose la question de la durée en cave, car quelques bouteilles parmi les crûs réputés présentent quelques signes de faiblesse avec le temps. A mon sens pour la plupart le temps est venu de les consommer, ce sera une plaisir sans tâche.

La Loire propose une gamme étonnante et des vins de Chinon ( Citons les merveilleux Joguet) sont généreux et aristocratiques, De ce fameux domaine, citons plus particulièrement le Clos de la Dioterie qui n’aura d’égal que le 1989…

Magnifiques vins liquoreux aussi bien à Bordeaux que dans le Val de Loire et en Alsace laquelle a connu une année de référence.

Enfin grande réussite dans les vins septentrionaux du Rhône qui se présentent avec éclat et densité. Sans doute plus grands que leurs confrères du sud lesquels pourtant sont de grands vins… c’est dire !

1986

 Un millésime d’anthologie à Bordeaux où les vins rouges ont profité d’une vendanges parfaites aussi bien en maturité qu’en quantité. D’une incroyable profondeur avec des tannins en nombre mais d’une grande souplesse, des robes superbes, une substance riche, complexe, un potentiel de garde rarement atteint, bref ce sont des vins immenses qui ont mis du temps pour accéder à l’apothéose et qui aujourd’hui peuvent rivaliser avec les 1982. Les blancs secs de ce vignoble sont eux aussi étonnants, mais la palme revient sans doute aux liquoreux, d’une race, d’un puissance et d’une concentration qui en font des bouteilles mémorables dont on ne voit pas la fin de leur évolution.

La Bourgogne en revanche n’a pas produit de très grands vins. Beaucoup de dilution et par conséquent des rouges légers, de peu de garde et qui devraient être depuis longtemps bus. Je veux bien croire que certains grands crus de la Côte de Nuits sont réussis, mais pour ma part je n’en ai goûté aucun. Quant aux blancs ils sont superbes, concentrés et denses…malheureusement ils sont évidemment introuvables aujourd’hui.

L’Alsace est majoritairement quelconque, avec quelques belles exceptions, tout aussi 9ntrouvables que les précédents,,,

Un Val de Loire peu intéressant, même dans les liquoreux… mais certains vignerons très scrupuleux ont réussi des rouges de bonne tenue, mais je ne pense pas qu’ils soient encore debout.

Très beaux Champagnes riches et complexes et enfin oublions les Côtes du Rhône nord que les pluies ont dévasté. Beaux Châteauneuf-du-Pape corsé et séduisants.

 1987

 Un millésime moyen sauf en Alsace. La Bourgogne a produit de jolis rouges qui manquent cependant un peu de concentration. Il sont parfumés, délicats et séduisants, mais cependant de garde moyenne. Les blancs sont meilleurs et tiennent encore bien en cave.

Bordeaux a subi des pluies importantes, du coup les rouges sont légers, fins et et élégants dans les châteaux qui ont bien trié les vendanges. J’ai souvenir d’un remarquable Pavie séveux, souple et équilibré qui aurait pu encore vieillir quelques années lorsqu’on l’a ouvert en 2004… Les Liquoreux sont un peu minces et n’ont sans doute pas bénéficié d’un long séjour en cave.

Très beaux Alsace secs, concentrés, généreux et de bonne garde. Pas de vendanges tardives, ruinés par les pluies.

Dans le Val de Loire, les rouges sont bons sans plus, quant aux liquoreux, je garde un souvenir ému d’un Bonnezeaux du Château de Fesles spectaculaire,crémeux et envoûtant… ce devait être une exception, Jean Boivin avait vendangé au mois de ..décembre !

En vallée du Rhône on découvre de beaux vins en Côte-Rôtie et Hermitage avec des tannins doux et une jolie richesse, tandis que les Châteauneuf ont été sympathiques mais sans grand potentiel. Bus dans les trois-quatre ans, ils ont été bien reçus.

 1988

 Premier millésime d’une fameuse trilogie (1988-1989-1990). c’est le moins connus des trois. Aussi bien en Bourgogne qu’en Alsace, en Champagne comme à Bordeaux en Vallée du Rhône qu’en Val de Loire, les vins sont splendides avec cependant des natures différentes.

La Bourgogne nous offre des rouges tanniques, colorés et un peu austère, mais d’une très longue garde. Les grands crûs étonneront encore dans cinq ou dix ans. Bus trop jeunes, certains vins ont déçus par leur caractère fermé. Cependant la patience aura eu raison d’eux car depuis quelques temps ils s’ouvrent pour notre plus grand plaisir tout en conservant de la fraîcheur. Les blancs suivent un peu le même chemin que leur compagnons rouges. Ici aussi, il aura fallu attendre.

L’Alsace a produit une excellente année avec des réussite que égalent bien celles de 1989 avec de somptueux bouquets sur une matière puissante et équilibrée.

Bordeaux partage avec la Vallée du Rhône la palme. Les premiers, magnifiques, concentrés, profonds et assis sur une belle acidité et des tannins généreux ont un potentiel de garde rarement atteint. Quant aux liquoreux, ils fêtent un millésime qui rentrera dans les annales par son exubérance, sa force et son assise inébranlable.

Les seconds fêtent un millésime légendaire avec des vins aussi bien structurés que riches et incroyablement bâtis pour la, garde…Fabuleux Côte-Rôtie, énormes Corans, époustouflant Hermitage et Châteauneuf éblouissant de matière dense.

Enfin, la Vallée de la Loire sort de son engourdissement climatique avec une année très prometteuse dont certains grands vins comme la Dioterie de Joguet n’ont pas encore dit leur dernier mot. Magnifiques blancs secs aussi et beaux liquoreux un peu sur la réserve.

 1989

 Millésime hors-norme, très précoce et marqué par un été torride a été une réussite générale que ce soit à l’est, au nord, à l’ouest ou au sud. Exceptionnels Alsace, denses, riches à souhait, m,ais, seul bémol, trop peu acides ce qui les rend un peu massifs. Vendanges tardives et sélections de grains nobles simplement fabuleux.

La Bourgogne, à mon sens, est un peu en retrait avec ce millésime qui manque d’acidité et donc on a à faire à des vins certes puissants, certes colorés et certes fondants, mais qui manquent de structure et donc aussi de garde. Mais ne boudons par notre plaisir, ils furent très agréables et certaines bouteilles de grands crus de la Côte de Nuits peuvent prétendre encore à figurer en bonne place sur votre table.

Les blancs sont comme en Alsace corsés, puissants, concentrés et éblouissants. Eux aussi manquent cependant d’acidité.

Immenses liquoreux dans le Val de Loire (enfin !) et superbes rouges dotés d’un magnifique potentiel de garde (pour ceux qui ont encore quelques bouteilles de Charles Joguet peuvent en témoigner).

Bordeaux nous emballe avec ses rouges profonds, aux tannins mûrs et riches, aux parfums envoûtants et de même que les Chinons, ils sont construits pour vieillir. De plus la réussite est générale aussi bien sur la rive droite que la rive gauche, avec une très légère préférence de mon côté pour les Médocs. Superbes blancs et incroyables liquoreux qui ont rarement atteint une telle richesse.

Pour clore, saluons les vins de la Vallée du Rhône tout aussi puissants que leurs collègues de Bordeaux, tout aussi pleins, tout aussi séduisants et dont les plus beaux de que ce soit du nord ou à Châteauneuf sont dignes de leurs aînés de 1988, quoique plus lourds peut-être.

 1990

 Encore un fabuleux millésime et encore une fois très homogène. C’est une année très ensoleillée et chaude, comparable à 1949. Aussi bien en Alsace qu’en Bourgogne, en Champagne qu’à Bordeaux, en Val de Loire qu’en Vallée du Rhône, on a procédé à des vendanges historiques tant en qualité qu’en quantité.

L’Alsace nous réserve des rieslings admirables, surtout en vendanges tardives, des gewürztraminer d’anthologie, tous de bonne garde

La Bourgogne a produit des pinots noirs de haute tenue par leur concentration, leur puissance et leur s tannins riches et soyeux. Ils sont bâtis pour durer vingt ans, tout comme certains blancs, à Chablis plus particulièrement. Pour avoir ouvert un Corton-Maréchaudes en 2008, j’ai remarqué une profondeur inaccoutumée avec une complexité étonnante, donc un vin vi9vant qui manifestait encore une retenue qui doit bien augurer de l’avenir.

Bordeaux est à l’apogée avec des vins fabuleux de richesse et de souplesse, même s’ils sont d’excellente garde. L’été torride aurait pu entraîner des stress hydriques, mais quelques pluies bienfaisantes ont apporter l’équilibre. D’où des vins sains, corsés, longs en bouche et veloutés. J’ai, pour ma part une faiblesse pour les St.-Emilion de cette année.

Superbes blancs secs, fournis et généreux et incroyables liquoreux, d’une exceptionnelle maturité, d’une vigueur phénoménale qui entreront dans le XXI siècle bien loin,,,

La Vallée du Rhône n’est pas en reste avec des vins concentrés aussi bien dans le sud qu’au nord. Retenons que les premiers vins (Hermitage, Côte-Rôtie et Cornas) sont aussi puissants que mûrs, et que les seconds ( St.-Joseph, Crozes-Hermitage et Brézème) sont montés en grade et tutoient leurs aînés par leur matière dense et généreuse.

Magnifiques Châteauneufs, denses, pleines, charnus et typés avec une persistance aromatique incomparable.

Enfin, Champagne et Val de Loire sont au sommet et singulièrement les Savennières d’une richesse rarement atteinte, et encore plus les liquoreux (Quarts de Chaume et Bonnezeaux) tout simplement fabuleux.

 1991

 Hormis les Côtes du Rhône septentrionales et dans une moindre mesure la Bourgogne, c’est un millésime difficile marqué par de fortes gelées qui ont causé des dégâts importants à Bordeaux et surtout dans le Val de Loire ( une récolte d’un tiers). De plus des pluies de septembre ont contribué à diluer les vins, tout particulièrement à Bordeaux. Dans cette région, les vins se révèlent au mieux corrects, au pire décharnés. Certains châteaux ont trié la récolte avec soin et obtenu des vins assez élégants, surtout en Médoc. Mais ils ne sont certainement pas de grande garde et devraient certainement être bus. Les blancs ne valent guère mieux , quant aux liquoreux, faiblards, ils sont décevants.

La Bourgogne s’en tire mieux avec des rouges assez structurés, un peu austères avec des tannins moins mûrs que les millésimes précédents. Ils sont donc d’assez bonne garde, mais je ne pense pas qu’ils trouveront un véritable équilibre et resteront certainement toujours sur leur réserve, les tannins n’évoluant guère ce qu’ont démontré des dégustations après quinze ans de bouteille…

Les blancs sont de la même veine avec une acidité marquée et eux aussi évoluent peu, voire mal.

Oublions les Châteauneufs, déplorables, secs et creux, en un mot presqu’inbuvables.

Le Val de Loire a mal vécu cette année en raison des gelées qui ont donc détruit les deux tiers du vignoble et ont considérablement retardé la maturité des raisins. Il s’ensuit des vins maigres et acides dont le seul avantage est de tenir de ce fait…

La Champagne ne convainc pas plus: ici aussi les pluies d’automne ont dilué les vins et on découvre des vins fluets et sans grande personnalité.

En Alsace, si les blancs secs sont moyens et de courte bouche, les vendanges tardives ont bien tiré leur épingle du jeu avec de jolies, voire grands vins.

 Grande exception, les vins de la partie nord de la Vallée du Rhône, t5ous superbes et concentrés avec des Hermitages et des Cornas au sommet: couleur, densité, équilibre et matière puissante sont au rendez-vous pour des vins qui se garderont encore plusieurs années, en Hermitage et Cornas surtout.

 1992

 Millésime difficile et hétérogène qui a débuté par un printemps précoce et a été marqué par des pluies abondantes en septembre. Certains vignobles telle l’Alsace ont cependant bien réussi,Ici donc des vins fruités, riches et avec une belle persistance aromatique.

La Bourgogne a vendangé très tôt et a donc été épargnée par les pluies. Cependant le volume est très grand et donc on certains vins manquent de concentration. Les meilleurs sont droits avec des tannins assez fondus et se dégustent fort bine maintenant. Les blancs sont séveux, charmants et équilibrés. Eux aussi méritent d’être bus actuellement.

La Vallée du Rhône a subi des pluies torrentielles dans le sud 10 jours avant les vendanges. De deux choses l’une: ou bien l’on vendangeait rapidement des raisins pas encore mûrs, ou bien l’on vendangeait des raisins pourris 10 jours plus tard… donc la qualité des Châteauneufs est au mieux décevant… Certains domaines n’ont pas sorti de premier vins à l’image du Vieux-Télégraphe dont toute la récolte a été déclassée en deuxième vin: le « Télégramme ». Le nord a aussi essuyé des pluies, certes moins abondantes, mais qui ont tout de même altéré la vendanges: des vins fluets sans grande réserve et des blancs au même niveau.

Les champagnes sont d’un niveau moyen tandis que le Val de Loire s’en sortait mieux avec de jolis vins rouges charmeurs et souples et des liquoreux assez réussis dans l’Anjou plus particulièrement.

Quant à Bordeaux, lui aussi inondé, il a produit des vins légers, minces et pour les plus faibles creux. Quelques rares bons vers Pomerol et en revanche des blancs secs verts et des liquoreux de faible qualité, Bref à Bordeaux c’est un millésime à oublier.

 1993

 Encore une fois les pluies se sont invitées au mauvais moment et les récoltes de la Vallée du Rhône septentrionale, de Bordeaux et de la Loire ont payé un lourd tribu. On trouve peu de grands vins à Bordeaux et lorsqu’on en trouve, ils sont dans le Libournais et peuvent parfois réserver d’excellentes surprises. Le Médoc a été plus touché et a donc produit des vins moins riches et souvent tanniques. Peu de liquoreux, bien entendu et souvent maigrichons. Quelques rares blancs mais de peu de garde.

La Bourgogne en revanche a sorti d’excellents rouges, concentrés et structurés, avec un joli potentiel aromatique, des robes profondes, et des tannins solides qui en font des vins de longue garde. Après vingt ans on déguste des vins pleinement accomplis et qui ont conservé une certaine jeunesse. Les blancs, moins mûrs n’ont pas le même caractère, Ils sont souvent légers et marqués par une certaine acidité. A boire d’urgence !

L’Alsace nous offre des vins séduisants et fins, peut-être moins riches que leurs aînés (1992) mais bien agréables cependant. Sans doute devraient-ils être bus aujourd’hui…

En Val de Loire, malgré les pluies, on trouve de jolis blancs et des liquoreux assez réussis. Les rouges manquent cependant de profondeur et sont arrivés largement à leur maturité. La vallée du Rhône a beaucoup souffert d’une météo peu clémente qui a engendré mildiou et oïdium en quantité et de surcroît les pluies d’automne ont achevé de gâcher cette récolte: Côte-Rôtie et autres Cornas sont souvent creux, secs et acides…Heureusement en descendant on découvre d’excellents Châteauneufs riches, savoureux et de bonne garde.

Enfin, les Champagnes sont légers et peu complexes, là aussi les pluies jouèrent un rôle important.

 1994

 Voilà une année contrastée avec des vins superbes et d’autres moyens. Pour l’Alsace, ceux qui ont été vendangés tard sont parfaits, tandis que ceux qui l’ont été trop hâtivement s’avèrent assez secs et creux.

La Bourgogne, partie pour une belle vendange a malheureusement pas su maîtriser les rendements et certains vins sont dilués. Néanmoins on trouve encore de belles bouteilles charnues, élaborées par des vignerons consciencieux . Beau blancs, vendangés avant les pluies de septembre.

Des conditions climatiques exécrables ont ruinés les espoirs du Val de Loire. Les rouges s’avèrent fluets et légers, les blancs souples et tendres, par contre certains liquoreux qui ont été cueillis tardivement sont splendides.

Des pluies aussi pour la Vallée du Rhône qui ont dilué un peu les vins, mais ils restent de bonne tenue, assez ronds et fruités, sans agressivité et avec de jolies robes. Les meilleurs sont issus des terroirs d’Hermitage et de Châteauneuf, ces derniers frôlant l’excellence.

Bordeaux a beaucoup souffert et seuls les raisins soigneusement triés ont donnée des vins satisfaisants. De plus les merlots ont mieux réussi que les autres cépages. Les blancs secs sont très bons pour autant qu’ils aient été vendangés avant les pluies. Petits liquoreux.

Pour clore, la Champagne a connu un millésime moyen avec des vins légers et peu structurés.

1995

En général une grande année sur l’ensemble de l’hexagone avec des sommets en Val de Loire, à Châteauneuf et en Bordeaux. Certains Alsace, pour autant qu’on les ait vendangés tard sont superbes en sec et fabuleux en raisins nobles.

La Bourgogne se distinguent par des vins rouges très enveloppés et soyeux avec des tannins souples, des belles robes assez prononcées, des parfums envoûtants, bref il s’agit d’une belle année et comme d’habitude les meilleurs de ces vins seront encore bien agréables à déguster aujourd’hui.

Les blancs riches et acides ont un profil de garde et encore maintenant ils nous étonnent par leur présence et leur allure gaillarde.

Très beau champagnes mûrs et distingués.

La Vallée de la Loire a connu une année exceptionnelle avec des très beaux rouges denses et parfumés, des blancs secs solides et bien équilibrés et des liquoreux spectaculaires par leur assise et leur force.

Quant à Bordeaux, c’est un grand millésime , voire même très grand avec des rouges somptueux, de grand charme en raison de leur souplesse, mais aussi doués d’une colonne vertébrale qui les maintient encore pour quelques années. Les meilleurs sont peut-être dans Libournaiis. Magnifiques blancs secs issus d’une belle récolte exempte de pourriture et géniaux liquoreux d’une richesse rarement atteinte.

Il convient de faire des nuances pour la Vallée du Rhône qui a vécu un été torride, mais a du subir des pluies en septembre, aussi seuls les vignerons qui ont su attendre ont produit des grands vins, voire même des vins d’exception en Côte-Rôtie et à Hermitage. Les blancs sont moins envoûtants.

Châteauneuf-du-Pape a donné des grands vins, concentrés et colorés de belle garde. Ici ce millésime se situe un peu en retrait des tout grands comme 1988, mais de très peu.

1996

 

Encore une belle année de manière générale. L’Alsace a donné des vins séduisants, moins corsés qu’en 1995, mais de belle appétence, qui ont profité largement d’un été indien sec et chaud.

En Bourgogne, la récolte a été magnifique avec des volumes importants et des raisins parfaits. D’où des rouges amples, soutenus par des tannins élégants, se présentant avec des robes splendides et des arômes intenses. Vu leur équilibre alcool-acide, ils se sont montrés assez rapidement prêts à boire, mais cela ne nuit pas à leur longévité.

Les blancs sont fameux, généreux en substance et soutenus par une jolie acidité .

Mention spéciale pour les Beaujolais, parfaits d’arômes, de fraîcheur et de concentration.

Bordeaux nous fournit encore une fois un millésime proche de la perfection, notamment en Médoc où la récolte fut elle aussi parfaite. Des grands vins donc, très colorés, avec des tannins profonds et nobles, une structure de garde et des arômes très complexes de fruits mûrs. On peut attendre ces vins plusieurs dizaines ‘d’années sans souci…

Les blancs participent de la même fête et quant aux liquoreux ils enregistrent encore une fois un magnifique millésime riche et prometteur.

Dans le Val de Loire, c’est aussi la fête ! Une année climatique très favorable a engendré des vins blancs secs remarquables de précision et de concentration, les rouges sont au même niveau quant aux liquoreux ils rivalisent aisément avec leurs cousins du Bordelais.

1996 fut aussi propice aux grands vins de Côte-Rôtie, d’Hermitage de Cornas et de St.-Joseph, tous sains et puissants, colorés et aromatiques.

Quant aux Châteauneuf-du-Pape, il a fallu attendre après les pluies pour procéder à la cueillette et seuls les domaines scrupuleux ont vraiment réussi cette année.

1997

 Année curieuse à deux titres au moins. L’hétérogénéité des vignobles et la hausse insensée des prix des grands crus à Bordeaux. Comme souvent l’Alsace fait de bons vins, souples et en revanche de petite garde,.

La Bourgogne a pu se réjouir de conditions climatiques superbes qui ont mise en avant les qualités du pinot noir: belles robes sombres, tannins souples, belle densité en bouche, nez riches et très mûrs. On peut cependant craindre qu’îls soient rapidement à leur apogée. Les blancs sont exquis actuellement avec leur belle intensité de parfum et leur texture souple et néanmoins affirmée.

A Bordeaux, le climat s’est montré capricieux et par conséquent les vins rouges sont très tendres, sans grande structure en bouche, plaisants certes, mais bien en-dessous de 1995 et 1996. Néanmoins, les prix ont atteint des sommets vertigineux pour un millésime somme toute moyen, y compris dans les blancs qui manquent singulièrement de complexité. Relevons la qualité encore une fois spectaculaire des liquoreux lesquels ont eu une fin de saison sèche et lumineuse à se mettre sous la dent, si l’on ose dire.

Le Val de Loire nous réserve les meilleures surprises avec des blancs secs opulent et de parfait équilibre et des rouges parfaits d’arômes et de fraîcheur. Encore une fois, Bonnezeaux, Quarts de Chaume et Coteaux du Layon. Accompagné des magnifiques Vouvrays sortent des liquoreux incomparables de richesse qui teindront des lustres !

A mon goût, la Vallée du Rhône pèche par un manque d’acidité dans cette année. Si les vins furent sans doute bien plaisants, aussi bien dans le nord que dans le sud, ils n’avaient cependant pas la structure nécessaire pour une longue garde.

Pour les Champagnes l’année est un entre-deux avec des vins plaisants, mais de faible tenue… il ne devrait plus en avoir sur le marché…

1998

Dans cette finalement belle année ( septembre fut pluvieux après un bel été et, heureusement octobre fut sec et chaud), ce sont les vins de la Vallée du Rhône et subsidiairement ceux de Bordeaux qui emporte la palme.

L’Alsace a produit de jolis vins, sans plus, agréables et de courte garde, tandis que la Bourgogne sortait des assez grands vins avec des rouges colorés et tanniques, d’assez bonne garde et des blancs plutôt fins et tenus par une belle acidité. Sans doute qu’aujourd’hui les rouges atteignent leur apogée et que seuls les premiers et les grands crus possèdent-ils encore de la réserve.

Le millésime est moyen en Val de Loire avec des rouges souples et moyennement concentrés, des blancs secs délicats et sans grande profondeur et des liquoreux à peine satisfaisants. Tous ont souffert de conditions climatiques difficiles et il faut chercher parmi les plus sûrs vignerons quelques rares bonnes bouteilles.

Les Champagnes eux aussi sont un peu décevants ayant partagé avec la Loire et l’Alsace une année compliquée.

En revanche, Bordeaux nous réserve de très belles surprises avec des vins parfois un peu austère, mais doué d’une belle matière, dense, solide et structurée qui devraient leur permettre un bel avenir. Magnifiques pour certains Pomerol et un peu plus disparates dans le Médoc. Les blancs sont sains et équilibrés, tandis que les liquoreux manquent peut-être de chair, bien que souvent séduisants.

Mais les plus grands vins furent issus de la vallée du Rhône, nord comme sud. Colorées à souhait, généreuses et veloutées, puissantes et néanmoins élégantes, les Syrah affichent un grand potentiel de garde et rivalisent avec les vins du sud lesquels ont fait le plein de substance veloutée et de concentration. Je citerai volontiers les vins du Vieux-Télégraphe comme modèle de réussite aussi bien dans l’expression du terroir que dans la complexité de la bouche le tout sur un tapis de tannins proche du taffetas…

1999

 Je retiendrai du millésime 1999 essentiellement les vins de Bourgogne et dans une certaine mesure ceux de la Vallée du Rhône et aussi quelques grands vins du Val de Loire.

Bordeaux s’est un peu emballé avec cette année…>Pour ma part, bien que quelques jolis existent en Médoc, j’ai quelques peines avec les autres. Souvent je leur trouve une matière un peu fluette et surtout, curieusement un arrière-goût inhabituel. Peut-être est-ce une auto-suggestion, mais même à l’aveugle, je détecte cette sensation inquiétante… Ceci dit, il convient tout de même de constater que les prix de ces vins ont bien diminués après quelques années. >Les Liquoreux sont assez frais et de bonne constitution.

L’Alsace n’a guère produit de grands vins, si ce n’est les Vendanges Tardives remarquables.

Les Champagnes nous proposent des qualités assez moyennes et un peu diluées.

La Bourgogne peut s’enorgueillir d’un millésime superbe pendant lequel le climat s’est montré complice. Des vendanges parfaites, des raisins exempts de pourriture, un haut degré de maturité, il n’en fallait pas plus pour obtenir des rouges gras et parfumés avec des robes fortement teintées, des tannins soyeux et de belles longueurs en bouche. De garde assurément.

Les blancs sont tout aussi réussis et grâce à leur matière concentrée et leur acidité, ils sont eux aussi à attendre. On s’en délectera maintenant.

La Vallée du Rhône, toujours assez privilégiée climatiquement, a donné des très beaux vins corsés et solides, augurant d’un bel avenir et ce de manière très homogène aussi bien dans la partie septentrionale que méridionale.

Dans la Loire, retenons des Savennières (Clos St.-Yves de Baumard par exemple) gras et séduisants, des liquoreux très charmeurs dans le Layon et ses crus, et des rouges frais, plutôt bons, mais sans doute par de longue garde,

 

2000

 

On a beaucouop glosé sur ce millésime aux trois zéros et comme il a commencé très bien, on s’attendait à une année exceptionnelle. Si ce fut, plus au moins, le cas à Bordeaux et dans la Vallée du Rhône on en dira pas autant de la Bourgogne, du Val de Loire et de la Champagne. En revanche, il a y des rieslings exceptionnels en Alsace avec une haute acidité et une grande richesse, de vins à n’ouvrir que dans quelques années…

La Bourgogne nous délivre en principe de jolis rouges, hétérogènes vu les conditions climatiques, les meilleurs arborant un belle robe, une matière assez souple et de beaux arômes. Mais ils sont surclassés par des blancs remarquables de profondeur, de classe et d’équilibre à Chablis tout particulièrement, où ils s’avèrent de première classe. Ceux-là méritent bien d’être attendus encore.

Le Val de Loire tire honnêtement son épingle du jeu avec des rouges frais et agréables, des secs parfois de haut niveau à Savennières et quelques intéressants liquoreux cependant on se gardera de les conserver trop longtemps, quoique le chenin blanc réserve d’heureuses surprises au vieillissement alors qu’on de l’attendait pas.

Grande année à Bordeaux, surtout en rouge qui réunissent toutes les qualités qu’on est en droit d’attendre d’une millésime frappé de la grande étoile ou de 19 points sur vingt. A mon sens, c’est le Médoc qui remporte la palme devant St.-Emilion et Pomerol avec des vins très concentrés, des tannins puissants mais veloutés, des robes presque noires et des parfums exubérants. Ici encore, la garde est de mise pour plusieurs années encore.

Les blancs sont très beaux, souvent riches et bien balancés entre l’acidité et l’alcool. Par contre, les liquoreux ont subis un automne effroyable, si bien que les rares encore sur le marché ne laisseront pas de grands souvenirs et même sont cruellement décevants.

Enfin et encore une fois, les rhodaniens sont à l’honneur avec de bons Côte-Rôtie, des Hermitage où les blancs l’emportent sur les rouges et surtout d’intéressants Cornas de garde. Châteauneuf-du-Pape a fourni lés meilleurs vins de ce millésime dans cette région sont être cependant au niveau des 1998.

Enfin en Champagne les vins sont moyens et de courte garde dans l’ensemble à quelques exceptions près, comme de coutume.

 

2001

 

C’est un millésime hétérogène avec des réussites spectaculaires à Bordeaux et en Loire, voire certains Alsace, de jolis Bourgogne, mais aussi de très décevants Champagne et des Châteauneuf-du-Pape riches d’alcool, mais une peu séchards.

Les vignerons patients ont été largement récompensés en Alsace qui a vécu un moins de septembre pluvieux suivi d’un superbe mois d’octobre lumineux et sec. Dès lors ceux qui attendu pour vendanger ont récolté des raisins parfaitement mûrs et du coup de superbes vins intensément aromatiques.

Bonnezeaux, Coteaux du Layon, Vouvray et autres liquoreux de la Loire sont magnifiques et dense. C’est là une belle année aussi pour les rouges complets et solides qui mettront du temps à se faire, le cabernet franc pouvant dans de telles conditions devenir un fameux cépage et donner des vins de belle garde.

La médaille va aux Bordeaux qui sont, à mon idée, souvent meilleurs en 2001 qu’en 2000, tout du moins lorsque je goûte côte-à-côte les deux années. Peut-être que ceci est vrai pour le Libournais et un peu moins pour le Médoc…A titre d’exemple le Château Bel-Air Marquis d’Aligre à Margaux a produit un de ses meilleurs vins depuis une décennie: franc, profond et très aristocratique, ce 2001 est fait pour durer. Autre vin que je trouve toujours savoureux: le Château La Grâce-Dieu des Prieurs d’Alain Laubie a trouvé en 2001 une harmonie parfaite entre des tannins fondus et soyeux et une matière dense et parfumée.

La Bourgogne nous propose de belles bouteilles: les rouges sont fins et bien structurés avec des tannins encore un peu aigus, mais doués d’une belle présence. Le fruit est bien présent et la garde assurée. Misez sur les Côtes de Nuits. Les blancs touche la perfection pour certain avec un gras et une acidité en parfaite balance. Ils sont réellement succulents… Les uns comme les autres peuvent encore se garder, avec une préférence pour les blancs, sauf ceux peut-être de Chablis un peu moins mûrs.

Oubliez la Champagne victime d’une météo maussade qui a perturbé tout le cycle végétatif ce qui a conduit à des vendanges de raisins peu ou pas mûrs, donc à des vins durs et peu flatteurs….

Les grands vins du nord du Rhône sont très beaux, avec de belles robes, des nez expressifs et une certaine tendresse qui en font aujourd’hui des vins tout-à-fait bons à boire. On l’a dit, Châteauneuf-du-Pape est moins gâté avec des vins déséquilibrés entre les degrés d’alcool trop élevés et la matière trop peu concentrée… Ils devraient être bus depuis longtemps.

 

2002

 

Alors que l’été a été pluvieux, que le printemps s’est révélé froid, on allait vers un millésime raté dans l’ensemble. Or un magnifique automne a sauvé l’essentiel de la récolte un peu partout, sauf dans la vallée du Rhône qui a connu une de ses pires années.

En Alsace, les pluies ont tout de même dilué les vins et rares sont ceux qui ont de la concentration et du volume. Seuls quelques grands Gewuerztramenr ont de quoi encore nous réjouir, en particulier des vendanges tardives.

La Bourgogne a produit de très grands rouges, profonds, tanniques et complets qui ont de la garde et de la structure. C’est un très belle réussite, mais qui n’équivaut pas les blancs lesquels sont simplement parfaits: pleins, généreux, suaves et d’un éblouissant arôme, ils sont les meilleurs vins du millésime, sans conteste.

En Champagne, le même phénomène s’est produit: des pluies abondantes semblaient compromettre l’année et grâce à l’été indien, la récolte a été sauvée et il en est résulté des beaux champagnes, assez riches et souples, sans doute manquant un peu de relief pour certains.

Bordeaux a vécu les mêmes aventures climatiques et ici aussi l’automne sec et ensoleillé a sauvé la vendanges: Beaux vins sérieux et complexes dans le Médoc, sans doute plus beaux que dans le Libournais où l’on trouve malgré tout de fort belles bouteilles mais où la maturité du Merlot n’a pas atteint celle des Cabernet-Sauvignons. Les liquoreux sont très inférieurs à leur niveau habituel et manquent de fond.

La Loire nous permet de déguster d’excellents blancs qui l’emportent sur les rouges. Que ce soient les Chenins ou les Sauvignon, ils sont tous très pleins et parfumés et l’on prend plaisir à les ouvrir aujourd’hui. En rouge, en revanche, la qualité est plus disparate., quant aux liquoreux, il s’agit là d’une récolte très moyenne en richesse…

La Vallée du Rhône a connu un millésime très décevant: les pluies furent parfois diluviennes et la plupart des vins sont dilués et mous. Certains domaines (Vieux-Télégraphe par exemple) ont déclassé leur récolte. Quelques blancs secs sont encore disponibles et tiennent la route, mais oublions les rouges de ce millésime désastreux dans cette région. Une fois n’est pas coutume…

 

2003

 

Millésime hors-norme avec une sécheresse qui a débuté mi-mai pour s’achever en septembre et surtout une canicule mémorable. L’ensemble des vins produits dans l’hexagone sont plus ou moins atypiques, marqués souvent par un stress hydrique important, en particulier à Bordeaux et dans la Vallée du Rhône.

Si l’Alsace a produit de beaux vins, en quantité réduite cependant, ils ne sont pas de longue garde et on ne trouve évidemment pas de cuvée de pourriture noble, du fait qu’il n’y a pas eu d’eau, la Bourgogne enregistre une année exceptionnelle, quelques pluies bienfaisantes étant tombées à point nommé ! Magnifiques pinots noirs, concentrés, tanniques sans doute mais ronds et veloutés, d’une robe profonde complétée par une matière extraordinaire qui fait penser à son lointain prédécesseur : 1929, c’est tout dire. Il faut encore les garder, leur évolution est lente et encore aujourd’hui (2012), ils sont fermés et muets, mais avec des promesses qu’ils sauront tenir,si l’on se réfère aux vins d’appellations régionales ( Bourgogne, Hautes-Côtes) qui se sont épanouis parfaitement.

Les blancs sont divins: gras et charpentés, pleins d’arômes un peu sur mûris et encore bons dans cinq ou dix ans pour les grands crus.

La Champagne, se révèle quant à elle médiocre, Des gelées meurtrières, un stress hydrique important, des rendements faibles, le tout avec des orages de grêles dévastateurs, tout s’est ligué pour donner une vendanges trop riches en alcool, engendrant des vins manquant d’acidité et se présentant sous un aspect lourd et peu distingué. Peu ou pas de cuvées millésimées.

La Val de Loire est un des grands gagnants de ce millsime. Vendangés précocement, presqu’un mois avant la date habituelle, les vins sont magnifiques, charnus et enveloppés avec des blancs succulents et des rouges étonnants de puissance qui leurs confèrent une tenue exceptionnelle. Les liquoreux s’en sortent bine, même s’il leur manque cette touche de botrytis qui fait leur charme.

Bordeaux est loin d’avoir produit un grand millésime, malgré ce qu’on a bien voulu dire. Le stress hydrique a été très important, des raisins ont grillés, le Merlot a mal supporté la sécheresse et certains parchets n’ont même pas mûri, tans il faisait sec. Il s’ensuit des vins déséquilibrés, de courte garde et souvent trop alcooleux et avec une très basse acidité. Il y a quelques exceptions, bien sûr, mais on peut les compter sur les doigts d’une main…

Exceptionnels liquoreux en revanche, denses et d’une richesse rarement atteinte, ils seront les fleurons de cette année avec quelques magnifiques blancs secs, cependant assez rares.

Dans la Vallée du Rhône il faut trier et choisir les vignerons qui ont vendangé tard. Ici aussi la sécheresse et la canicule ont joué quelques mauvais tout, en particulier dans le nord, alors que dans le sud quelques pluies ont permis d’élaborer des vins de bonne tenue. Pour ma part, j’ai trouvé un Côte-Rôtie époustouflant, mais qui demande des années avant de s’exprimer…aujourd’hui encore à l’image de certains Bourgognes, il est fermé bien que son évolution augure fort bien de l’avenir…

 

 2004

 Année malmenée par les médias, d’autant plus qu’elle a pour voisins 2003 et surtout 2005… Or on y découvre de très beaux ,singulièrement à Bordeaux qui a bénéficié d’un superbe automne lequel a sauvé la récolte. De beaux raisins, mûrs et sains ont permis une vendanges qui mérite largement plus que sa réputation. Denses en parfumés, lés rouges se tiennent fort bien et ont une belle garde que je compare aux 1998. Assez jolis vins blancs secs, droits et aromatiques, et des liquoreux un peu au-dessus de la moyenne, mais sans doute de garde assez courte. Misons sur les rouges dans ce millésime, rouges qui sont à des tarifs accessibles, contrairement au millésime suivant.

La Bourgogne a elle aussi produit des bons vins, un peu minces néanmoins et dont il ne faut pas atteindre pour les boire leur charme étant actuellement dans le fruit et la souplesse.. Les blancs l’emportent sur les rouges et, ici encore, les prix sont gentils.

L’Alsace allait vers la grande année lorsque des pluies sont venus gâcher la récolte. Malgré tour, on trouve d’excellents vins, doués d’une belle acidité qui leur permettra de vieillir encore quelques temps. Ils sont fermes et nets. Peu ou pas de vendanges tardives et encore moins de raisins nobles.
La Val de Loire a fourni des beau rouges et des secs assez nerveux pour ceux qui ont vendangé tard et qui ont trié la récolte. Pas de grands liquoreux cette année, mais de sympathiques rouges issus de Cabernet-Franc qui a bien résisté au climat.

Retenons enfin quelques vins en Vallée du Rhône avec des Châteauneuf-du-Pape parfois bien complets et gras, avec une solide charpente et qui l’emportent sur leurs cousins du nord, plus légers et moins complexes, quoique charmeurs. Alors que les vins méridionaux peuvent encore bien vieillir, il convient de boire les vins septentrionaux.

Malgré une récolte pléthorique, les Champagnes font bonne figure et ont sorti des bouteilles de bonne tenue qui font de 2004 un millésime classique avec des vins sains et fins.

2005

 Voilà le retour d’un tout grand millésime, aussi bien dans le nord que dans le sud, à l’est qu’a l’ouest, 2005 a produit des grands vins en raison d’un climat parfait avec un ensoleillement généreux et surtout des nuits fraîches qui ont permis de conserver des acidités élevées.

Ainsi en Alsace c’est la fête aux vins de garde qui sont assis sur une belle et franche acidité avec un beau tonus et une expression fruitée captivante… à attendre encore.

La Champagne signe un tout grand millésime avec des vins concentrés, charnus, enveloppant et dotés eux aussi d’une base acide qui leur confèrent une grandeur qu’ion avait pas vue depuis quelques années. Grands Champagnes donc qui rivalisent avec des Bourgogne de la même veine. Les Pinots noirs arrivèrent à pleine maturité dans des conditions sanitaires parfaites et avec, comme partout cette nnnée une étonnante fraîcheur. Concentrés, mûrs, grandioses en bouche, complexes au nez, profonds et soyeux, ce sont des pures réussites qui rappellent les 1999, voire les 1959 et qui plus est seront de longue garde.

Bordeaux fait merveille dans ce grand millésime avec une récolte parfaitement saine aussi bien en Merlot qu’en Cabernet-Sauvignon. 2005 est déjà rentré dans la légende des millimes d’exception avec des vins bâtis sur du roc, des vins denses avec une trame serrée et d’exubérants arômes. Que ce soit les vins de la rive gauche ou ceux de la rive droite, c’est partout une fête gustative avec des vins superbes qui rappellent les fameux 1982… A conserver impérativement. A titre d’exemple, le Château Bel-Air Marquis d’Aligre a époustouflé toute une table de sommeliers par sa vigueur et sa profondeur, alors que ce vin est réputé pour sa grâce et son élégance…Il ne les avait pas perdues, bien au contraire, mais avec la concentration de la matière il prenait l’allure des plus grands vins du Médoc, pourtant bien mieux classés que ce modeste Margaux…

Relevons encore de très beau liquoreux eux aussi parfaitement équilibrés et d’une séduisante richesse.

 

Le Loire signe aussi un millésime parfaits: des rouges vibrants avec une profondeur inaccoutumée, des blancs secs percutants de parfums et de corps, des liquoreux de race, bref tout pour plaire à condition d’attendre !

La Vallée du Rhône est aussi de la partie avec des vins singulièrement homogènes aussi bien en haut qu’en bas de la Vallée: Hermitage splendides, Côtes-Rôties intense, Cornas éblouissants de pureté, parfaits Crozes-Hermitage et St.-Joseph rouges, tous de garde et tous merveilleusement parfumés, le tout couronné par des Châteauneuf-du-Pape de légende.

Quant au Sud-Ouest, il fait partie de la noce avec des vins concentrés, aussi sains que possible avec de la rondeur et du volume. Les meilleurs peuvent encore se conserver, mais comme toujours ici, la fraîcheur l’emporte sur la garde si l’on veut les consommer dans le meilleur moment soit entre trois et cinq en moyenne, bien entendu.

 2006

 Impression mitigée, à l’exception de la Vallée du Rhône., en effet, les conditions climatiques ne furent guère favorables pour les autres régions, encore qu’à Bordeaux il existe de nombreuses exceptions. Les pluies de septembre n’ont pas rendu les choses faciles. Ainsi en Alsace ,il aura fallu beaucoup trier, comme en Champagne et en Bourgogne encore plus… En Loire, le Chenin a beaucoup souffert et il n’y a pas eu de réels liquoreux. Quant aux rouges, ils sont parfois dilués et pour les meilleurs, tout particulièrement à Chinon il y a en revanche de petits trésors issus de vendanges particulièrement bien triées et effectuées tardivement. On se rappelle d’un Clos de la Dioterie étonnant de structure et de force, un vin doté d’un garde de 10 ans au moins, comme quoi avec de la minutie et un travail sélectif on peut arriver à des sommets même dans un millésime ingrat.

Pour le blancs d’Alsace, on trouve de rares rieslings et Gewürztraminer chez les vignerons les plus consciencieux, ce sont alors de beaux vins francs et élégants.

En Champagne, le millésime s’avère fragile avec une acidité assez basse et donc d’une garde très moyenne.

En Bourgogne, prime aux blancs qui s’en bien mieux sorti que les rouges qui se présentent avec une hétérogénéité importante. Je ne pense pas cependant qu’il y ait de grands vins cette année, le pinot noir ayant subi les ravages d’un mildiou vorace. Quelques grands crus se dégustent aujourd’hui sans arrière-pensée…

Bordeaux est paradoxal. On découvre des vins superbes issus de Merlot concentrés et néanmoins souples, mais la révélation provient de certains Cabernet-Sauvignon qui ont fourni des vins sans doute un peu austère aujourd’hui mais qui ont un remarquable potentiel de garde. Ici, il faut se méfier car 2006 pourrait finir plus haut dans le palmarès qu’actuellement…

La Vallée du Rhône nous réserve d’agréable surprises avec des Côte-Rôtie de charme, des Hermitage complexes et de savoureux Châteauneuf-du-Pape pour lesquels j’ai un petit faible en raison de leur équilibre et leur velouté. En revanche , ce ne sont pas des vins de très longue garde. On trouve aussi de remarquables blancs qui se dégustent avec joie aujourd’hui, grâce à leur matière élégante et leur potentiel aromatique.

 2007

 Voilà un millésime difficile à cause d’une humidité telle qu’elle a engendré de grasses difficultés dans les vignobles septentrionaux qui ont du faire face à des attaques de mildiou. Heureusement un mois de septembre assez chaud et exempt de pluie a permis de sauver la récolte dans la plupart des cas, mais surtout chez les vignerons patients qui ont attendu la pleine maturité des raisins pour vendanger.

Ce sera la cas de l’Alsace qui a beaucoup souffert et si le malheur a voulu que l’on vendange trop tôt, les vins furent alors minces et de toute petite garde. En revanche les raisins cueillis tardivement ont engendré des beaux vins assez riches et séduisants. Vigilance donc ! De même en Bourgogne où l’on déniche quelques belles bouteilles si ,encore une fois, on a attendu. Les blancs ici l’emportent sur les rouges: blancs avec de l0acidité, du fruit et même, à Chablis singulièrement, un belle garde, rouges pour les meilleurs ,satisfaisants par leur souplesse et leur fruit, mais qui ne devraient pas se garder plus de cinq ou six ans…

En Champagne aussi, il a fallu veiller à ne pas entamer les vendanges trop vite et si les pinots sont en général pas de la meilleure qualité, les Chardonnays ont cependant fait bonne figure, d’où certaines belles cuvées dans la Côte des Blancs.

Le Val de Loire a subi lui aussi les outrages d’une météo capricieuse favorisant les champignons. Et encore une fois, septembre a changé la donne. Avantage aux blancs qui sont plus musclés que les rouges et surtout aux liquoreux qui pleinement bénéficié de l’été indien. A mon sens, il y a des vraies perles en quarts de Chaume et en Coteaux du Layon, grâce à une forte concentration et une acidité relevée qui favorisera la garde sur plusieurs décennies pour les plus réussis.

Bordeaux a produit un beau millésime, surtout en Médoc où la maturité du Cabernet_Sauvignon fut généralement bonne. Beaux vins aussi sur la rive droite, mais moins charpentés et de plus couter garde. On a pu déguster des remarquables St.-Emilion pour le fruit, leur rondeur et leurs tannins fondus, mais qui cependant, contrairement à certains Médocs n’ont pas l’étoffe suffisante pour durer au-delà de une dizaine d’années.

Les liquoreux connaissent une année mémorable avec des vins superbes, riches, acides et d’un parfait équilibre. A retenir donc !

Et rebelote en Vallée du Rhône avec un millésime séduisant grâce à l’abondance de la récolte et à sa belle maturité. C’est une année très homogène qui nous réserve des Côte-Rôtie parfumées et généreuses, de superbes Hermitage fondus et fruités, des Cornas moins tanniques que d’habitude, et surtout de magnifiques Châteauneuf-du-Pape à la robe prononcée, au fruité envoûtant et dotés de surcroit d’une bouche pleine et croquante. Une réussite certainement !

2008

Après la grand’messe parkérienne, Bordeaux chantait les louanges des rouges de 2008… Force est de constater qu’il n’en est rien ou presque. J’ai goûté de nombreux vins et à quelques exceptions près, je leur ai trouvé une verdeur marqué, une absence de grâce et de velouté doublée d’une astringence marquée qui ne me semble pas de bon augure… L’été frais et pluvieux a été suivi par chance d’un septembre chaud et ensoleillé qui a à nouveau sauvé la vendange. Pour autant, elle n’est pas à la hauteur de ce que les médias en ont dit. Certes quelques grandes cuvées seront dignes d’éloges, mais elles sont rares et pour tout dire, il faudra attendre longtemps et même, je doute que les vins ne sèchent pas avec l’âge…. un millésime dont je me méfie singulièrement dans cette région.

A l’inverse en Bourgogne, si les vins conservent une grande acidité et que certains sont même minces, on trouve plus facilement des vins équilibrés avec une colonne vertébrale solide qui devraient leur permettre d’affronter les années avec succès. Ils sont en tout cas de garde et iront sans doute plus loin que les 2009, avec comme toujours des exceptions dans les deux cas. Quoiqu’il en soit 2008 avec son été indien a renversé la vapeur et on peut affirmer que lies rouges de cette année nous réserveront encore d’agréables instants. Ils sont plus réussis dans l’ensemble que les blancs, bien que ces derniers aient un réel agrément actuellement.

On peut en dire autant des vins d’Alsace qui eux aussi ont vu un mois de septembre venir à la rescousse…Du coup on déniche chez les vignerons qui ont attendu des beaux vins, assez acides pour résister au temps et suffisamment riches pour ne pas s’amincir.

Les Champagnes ont été à rude épreuve avec un été froid et pluvieux. Mais de nouveau ceux qui attendu et ont sévèrement trié la vendanges ont pu obtenir des bouteilles de bon niveau avec des vins suffisamment structurés et un certaine rondeur.

Le Val de Loire a connu des problèmes semblables et il s’ensuit que les vins blancs secs cueillis après un septembre chaud et sec ont une belle maturité et sont droits et bien timbrés. Les rouges, à condition d’avoir été rigoureusement triés et tardivement vendangés peuvent être de belle classe et se conserver encore quelques lustres. Peu de liquoreux cette année, mais parfois étonnants pour les meilleurs d’entre eux à cause de l’acidité et du fruité intense.

La Vallée du Rhône a été sanctionnée par les médias en raison de l’été pluvieux et du manque de maturité de la récolte. Or aujourd’hui, on remarque que les vins aussi bien du nord que du sud sont agréables à boire, tout en finesse et en délicatesse. Certes ce ne sont pas des monuments comme 2007 ou 2009, mais ils ont aujourd’hui un charme certain qui nous permet d’attendre ceux des millésimes plus concentrés.

2009

 

Dans l’ensemble , 2009 fut un beau voire un grand millésime. Un été chaud et sec, un automne presque sans pluie, bref tout a concouru pour faire de cette année une belle réussite homogène.

L’Alsace nous a fourni des vins pleins et gras, peut-être moins minéraux que les 2088, mais avec sans doute plus de charme et de solvabilité immédiate. Bien qu’ils ne soient pas de très longue garde, ils sont équilibrés. On se méfiera des vins trop riches en alcool.

La Bourgogne fut à la fête avec des belles vendanges (un temps menacées par les maladies qui reculèrent grâce à la sécheresse). Il en résulte de très beaux rouges, colorés, parfumés et complets, avec une belle profondeur et une grande souplesse. Sans doute devront-ils être bus avant les 2008 et surtout les 2010, mais gageons que les grands crus sauront tenir leurs promesses pendant plus d’une décennie…Quoiqu’il en soit, ce sont des vins très sains et d’une matière harmonieuse qui séduit le consommateur par leur élégance et leur profondeur.

Dans les Beaujolais, c’est un fameux millésime : des raisins parfaitement sains, un temps idéal, bref la récolte fut magnifique et les vins en conséquence: juteux, parfumés, et intensément parfumés, soit une véritable année à Beaujolais !

Superbes Bordeaux, dans la ligne des 2005avec un soupçon d’acidité en moins, ce qui leur permettra sans doute d’être bus plus tôt. Mais on reste sous le charme de ces vins complexes, marqués par un fruit intense et par un gras inaccoutumé. Que ce soit avec les Médoc ou les Libournais, on découvre une année fort belle, toute proche du grand millésime, et même pour certains, c’est d’ailleurs le cas. Mais laissons-les encore quelques temps pour qu’ils puissent délivrer toutes leurs qualités, car ils en ont: couleur sombre, tannins mûrs, fruit explosif et longue bouche, une très belle palette donc !

La Loire n’est pas en reste avec des vins charnus en blancs , parfois trop riches et avec une acidité un peu basse, il convient donc de choisir des vins vendangés au bon moment et qui auront donc conservé de la fraîcheur. Superbes rouges avec de la concentration et de la matière et qui, même s’ils ont une acidité peu marquée, ont néanmoins un joli potentiel de garde grâce à des tannins bien présents. Les Saumur-Champigny sont au sommet.

Magnifiques Champagnes, quoiqu’ils soient parfois marqués par l’alcool, mais dans l’ensemble ce sera un grande année avec de la complexité et de la puissance.

La Vallée du Rhône tient elle son grand millésime: tout pour plaire avec des vins très concentrés entre Lyon et Valence, très mûrs, mais avec de la fraîcheur, que ce soit en Côte-Rôtie, en Hermitage ou dans les appellations moins recherchées, la réussite est au rendez-vous et on reparlera de ces vins profonds et musclés, auréolés d’un fruit exubérant dans plusieurs lustres !

Très beaux Châteauneuf-du-Pape, dans la ligne des 2007 avec un peu plus de rigueur, en principe. L’avenir est pour eux…